Greek Crisis

samedi 4 juin 2022

Guerre sacrée



Juin déjà en cette Grèce des promontoires. Telle Monemvasiá, la presqu’île rocheuse sous forme... de Gibraltar au large de la côte Est du Péloponnèse. Elle n’est désormais qu’un véritable musée figé de l’histoire de la région et du pays. Elle fut pourtant, l’un des grands centres commerciaux sous Constantinople, la Deuxième Rome hellénisée sur le déclin datant du XIIIe siècle. Sauf que par les temps qui courent, la Grèce n’est pas que ce musée figé et que nos touristes apprécient tant, sans trop comprendre ce que Byzance peut toujours signifier dans les mentalités d’ici, comme parfois d’ailleurs.

Sur la presqu’île rocheuse. Monemvasiá, mai 2022

Car, mille kilomètres plus au Nord, se situe alors le Mont-Athos et ses miracles, à l'extrémité Sud-Est de la Chalcidique, de notre région historique de Macédoine, considéré depuis Byzance justement, comme un haut lieu de la spiritualité au sein du christianisme orthodoxe. On y découvre toujours une importante communauté monastique, depuis qu’Athanase l'Athonite fonde en 963 le premier monastère de la péninsule, celui de la Grande Laure.

La communauté actuelle juridiquement autonome, réunit vingt monastères abritant environ 2.000 moines orthodoxes: Grecs, Bulgares, Roumains, Russes, Serbes et autres. Rappelons que le Mont-Athos est autant un trésor inestimable de connaissances et de documents, pour l'ensemble des humanités et des sciences, une Arche même de la présence de la vie spirituelle. En même temps, c'est une exposition d'art en continu, un véritable défi pour l'amateur d'art qui tentera une exploration intemporelle dans le monde du grand art, représentant et exprimant un espace culturel aux frontières géographiques et temporelles étendues.

Ainsi, d’après le site Internet de la communauté des moines, au Mont Athos dans son ensemble, il y a: “La plus grande collection de manuscrits grecs au monde, la plus grande collection de documents grecs byzantins et post-byzantins au monde, la plus grande collection d'images portables au monde, une des plus grandes densités de peintures murales au monde 100.000 m² environ, le plus grand volume de monuments historiques en Grèce, la plus grande collection de gravures de Grèce, la plus grande collection de documents ottomans hors de Turquie, la plus grande collection de documents russes hors de Russie, la plus grande collection de documents roumains en dehors de la Roumanie”.

Grèce, pays visité. Monemvasiá, mai 2022

Et aussi, l'une des plus importantes collections de tissus ecclésiastiques de l'Église orthodoxe, l'une des plus importantes collections de publications grecques anciennes en Grèce en archétypes et en copies, l'une des plus grandes collections de plaques photographiques anciennes en Grèce. À titre indicatif on peut mentionner approximativement quelques valeurs comparatives: Manuscrits grecs: Mont Athos 15.000, Monastère de Sainte Catherine au Sinaï 3.500, Bibliothèque nationale de Paris 3.500, Vatican 3.000”.

Pour ce qui tient de la politique disons visible, sur le plan administratif, le ministère des Affaires étrangères à Athènes, traite les questions relatives à la presqu'île, territoire grec, mais où s'appliquent des lois différentes.

Elles sont essentiellement compatibles avec son statut de “l’Ávaton”, littéralement “là où les administrateurs du pouvoir des hommes n’ont pas à mettre leur pied”, une dissemblance qui est théoriquement constitutionnellement garantie. Sur le plan canonique, les vingt monastères échappent à l'autorité de l'évêque local et sont placés directement sous la seule responsabilité épiscopale de l'archevêque de Constantinople, dit Patriarche Œcuménique, actuellement Bartholomée, mondialiste... parmi les satanisés de la sorte.

Restauration... rapide. Monemvasiá, mai 2022

Et depuis un moment déjà, c’est... l’orage, celui de la géopolitique. L'Église orthodoxe russe de son côté, craint désormais que des moines russes ne soient expulsés de force du Mont-Athos, comme elle l’a rapporté fin mai l'agence de presse Tass. “Cela est probablement lié à la prochaine visite du Patriarche Œcuménique Bartholomée au Mont-Athos fin mai”, a déclaré Dmitry Safonov, membre du clergé au Département des relations ecclésiastiques extérieures.

Le Patriarche Bartholomée doit visiter le Mont-Athos fin mai et cela peut coïncider avec l'action policière déjà menée par la police grecque contre les moines du monastère d'Esphigménou, qui ne sont pas d'accord avec la politique de Bartholomée”, affirme l'ecclésiastique russe. Notons que les moines d'Esphigménou s’opposent à la politique vacciniste et pour tout dire débordante de wokisme, à la fois celle de l’Église orthodoxe grecque et autant celle du Patriarcat de Constantinople.

Le représentant du Patriarcat de Moscou a affirmé que Bartholomée s'est récemment rendu en Grèce et a rencontré le Premier ministre Mitsotákis, ayant surtout reçu de lui, selon la presse, tout son consentement pour l'expulsion du monachisme russe du Mont-Athos”.

Grèce, pays visité. Monemvasiá, mai 2022

L’histoire en devenir, c’est autant une affaire d’étapes. Après la rupture diplomatique dans les relations Athènes-Moscou, il semble désormais qu'un schisme ecclésiastique soit en train de se mettre en place. Selon les milieux ecclésiastiques, des expulsions massives de Russes - et d'autres pro-russes - parmi les moines du Mont-Athos sont alors attendues. Le chaos donc... s’organise, car on peut imaginer que les futurs et probables expulsés, solliciteront logiquement l’aide, voire, la protection du Patriarcat de Moscou, autrement-dit de Vladimir Poutine.

Le fossé entre la Grèce sous la marionnette Mitsotákis et la Russie se creuse ainsi, à “l'occasion” de l'Ukraine. Le terrain est suffisamment préparé depuis quelques semaines, par... un lot de fuites depuis les médias grecs aux ordres des phacochères de l’OTAN, où, peu ou prou, le Mont-Athos est présenté comme “ce nid d'agents de Poutine”.

Dans ce contexte, la reproduction des clichés visant la Russie au sujet d'un monastère qui a été décrit “comme un refuge pour des chrétiens-talibans” fait même impression auprès des Grecs. La scénographie est devenue encore plus intéressante à partir du moment où le carrousel des “révélations” a été suivi par le journal allemand Bild, qui récemment évoluait naturellement sur la même longueur d'onde.

Boire... enfin. Monemvasiá, mai 2022

On estime alors qu'il y a environ deux cents moines dans les monastères russes, et ceux d'origine russe sont estimés à soixante-dix. Les autres sont d'autres nationalités. Déjà, à l'occasion de la guerre en Ukraine, Bartholomée, s'adressant à Mitsotákis, avait déclaré: “Toute notre existence, nos pensées et nos prières sont proches de nos frères ukrainiens. Je remercie le Premier ministre pour les armes envoyées en Ukraine”.

Il est à noter que le Patriarche Œcuménique a attribué l'Autocéphalie à l'Église d'Ukraine, ce que le Patriarcat de Moscou considère comme schismatique, tandis que de graves réactions ont été provoquées au sein de l'Église orthodoxe internationale, et autant, au sein de l'Église grecque. Moscou, avait d’ailleurs précisé “que cette décision de Bartholomée avait été prise en consultation avec les agents américains”.

Des fuites ont suivi, selon lesquelles le récent Commissariat de Police du Mont-Athos, est en train d'être renforcé pour essentiellement se transformer en centre de commandement de la Police grecque sur place. Ce qui signifie pratiquement beaucoup de renforts et du personnel afin de placer le Mont-Athos sous... contrôle policier.

C'est Byzance. Monemvasiá, mai 2022

Enfin, l’éventuelle décision d’expulser les moines russes du Mont-Athos, signifiera une rupture encore plus profonde dans les relations Athènes-Moscou. Déjà comme on le sait, le gouvernement grec a décidé de démanteler la quasi-totalité de la direction de l'Ambassade de Russie à Athènes, mais également, les responsables du Consulat russe à Thessalonique.

Selon les informations de la presse grecque, le Mont-Athos est comme on dit également en charge de ce Consulat. Ce qui signifie que la “décapitation” du Consulat, entre autres, avait comme but indirect mais bien clair, la fin de la présence russe sur le Mont-Athos.

Le wokisme insiste dans sa guerre totale, comme on le constate sur toute la ligne entre Ciel et Terre, et pendant ce temps, à l’autre bout de l’Hellénisme, toute une division de l’armée d’Israël débarque à Chypre, sous prétexte d’un exercice militaire visant le Liban mais sans le dire ; ainsi que de dizaines d’avions de combat de l’État hébreu, provoquant la colère des habitants chypriotes-grecs, par exemple à Páphos.

Byzance pour tous. Monemvasiá, mai 2022

Depuis près de trente ans, aucun gouvernement grec n’a été autorisé par les “Invisibles” entre Londres et Washington, de dépêcher de telles grandes unités à Chypre. Ni même d’y acheminer de l’armement. Sauf que Mitsotákis et sa clique, dégarnissent la défense des îles grecques de l’Égée, quand une bonne partie de l’armement qui s’y trouve est depuis plusieurs semaines offert au régime de la Khazarie OTANesque de Kiev.

Les masques sont tombés... et les nations avec. Y compris dans leurs détails. Ceux de la famille de Mitsotákis, toujours gagnants dans les affaires mafieuses courantes, ont placé de leurs parents et alors affins au sein de la dite Haute Autorité de l’Energie, et depuis peu, ils autorisent par exemple certaines compagnies turques, à vendre de l’électricité à la Grèce.

Les Turcs produisent de l’électricité par le gaz russe, acheté près de dix fois moins cher que celui que la Grèce achète désormais aux Etats-Unis ; puis, l’électricité produite et autant la dépendance vis-à-vis de la Turquie sont achetées au prix... boursier, fixé par l’autre bande mafieuse très organisée, sous Ursula von der Leyen et ses parasites européistes.

Grèce, pays... visité. Monemvasiá, mai 2022

Et pendant qu’au Mont-Athos on ne sait vraiment plus à quel Saint se vouer, voilà qu’à Monemvasiá, la presqu’île rocheuse sous forme... de Gibraltar, Grecs comme touristes savourent leur grand été grec, chats compris. Sauf que bien de chez nous, dans notre village du Péloponnèse, c’est déjà Volodia, le plus vaillant parmi les matous adespotes qui règne alors en maître en ces lieux.

Disons enfin seulement, que la Grèce est n’est pas que le musée figé visitable, et que la Russie et sa Troisième Rome, entendent incarner à leur manière, l’ultime suite au monde byzantin et orthodoxe. Grèce, alors des promontoires.
Volodia, le plus vaillant des matous. Péloponnèse, juin 2022

* Photo de couverture: Sur la presqu’île rocheuse. Monemvasiá, mai 2022