Greek Crisis

vendredi 8 mai 2020

Nativisme confiné



Beau pays, tout en contrastes. Ceux du village le quittent rarement, sinon pour travailler dans la marine marchande. Mai des coquelicots et de la lumière. Le déconfinement graduel admet déjà les promenades aux alentours et l’ouverture des églises, après leur fermeture contrainte et forcée tant critiquée. Petites chapelles dans une nature luxuriante, le cadre paraît idyllique. Lieux d’émerveillement où l’on découvre de nouveau des animaux de trait ou de somme, ils retrouvent il faut dire en cette année virale... un peu de leur glorieux passé.

Petite chapelle. Péloponnèse, mai 2020

Sous le confinement déjà, ceux du pays réel avaient blanchi à la chaux ces petites chapelles des champs et des promontoires. On n’y rencontre jamais la foule, et c’est en ces lieux que l’on retrouve l’essentiel de l’âme du pays ainsi que des instants de sérénité. D’ailleurs, Odysséas Elýtis le poète ayant reçu le prix Nobel de littérature en 1979 ne s’y est pas trompé. “D’un moment à l’autre le Kouros apparaîtra, et derrière lui les lignes des autres îles, la goélette délestée, une chapelle consacrée au Prophète Élie. Puis, tout s’éteindra, et il restera le visage brun et pur, aux grands yeux, du pêcheur au panier, ton voisin d’aujourd’hui, mais aussi l’éternel Apôtre, prêcheur des trésors et des hommes.”

On y retrouve heureusement encore toute cette beauté de taille humaine, de l’emplacement exact des icones, aux bouteilles d’huile que les habitants ont apporté avec piété. On se trouve ici en pleine terre de l’olivier, l’arbre dominant, mythique et sacré. Sauf que nos mythes bien d’en bas, ne suffisent guère pour façonner un pays, surtout en notre temps.

Car il y a cependant ces autres mythes de notre méta-modernité plutôt sournois et imposés d’en haut. Les exemples ne manquent pas, en ce moment, la presse aux ordres essaye de... vendre comme évènement d’envergure les rassemblements des jeunes aux canettes de bière tenus d’une main, occupant depuis une semaine les places publiques des villes au mépris des interdictions hygiénistes décrétées par nos politiciens... maladifs et fiers de l’être. Ainsi à Agía Paraskeví, faubourg de la classe trop moyenne près d’Athènes et durant deux nuits de suite, deux à trois cent jeunes se sont battus pour l’occupation des lieux, face aux forces de la Police dépêchées sur place, lesquelles ont même lancé de leurs habituels grenades lacrymogènes afin d’évacuer la place.

De l’emplacement des icones. Péloponnèse, mai 2020

Bouteilles d’huile apportées par les habitants. Péloponnèse, mai 2020

Les animaux de trait ou de somme. Péloponnèse, mai 2020

Ces rassemblements auraient pu s’inscrire dans cette logique disons “simple” du déconfinement, autant que dans celle de la réaction populaire spontanée de la part des jeunes, en plus de la sociabilité en souffrance pour cause de fermeture sans précédent des terrasses des bistrots et des cafés. L’événementialité est cependant plus sournoise qu’elle n'y paraît à première vue. En somme, pour ce qui est en tout cas des médias systémiques, il s’agit ni plus ni moins d’une opération de “désinformation positive”, pour encore reprendre un terme de notre méta-modernité dans la “digne” série... “la liberté, c’est l’esclavage”.

Il y a de ce fait manipulation, car à Agía Paraskeví l’initiative de cette occupation de la place revient aux élus locaux d’Antarsýa, formation parapolitique de la dite extrême gauche arrosée comme on sait du sirop... de Sóros, en Grèce comme ailleurs. Le but de la manœuvre est alors double, d’abord dévier l’attention des Grecs de certains autres événements, réels et importants, à savoir, la colonisation en cours du pays par les migrants et au besoin soldats islamistes ouvertement menés d’Erdogan, ceux que le gouvernement du Sorite Mitsotákis installe aux petites heures là où bon lui semble en Grèce continentale depuis les îles, sans la moindre consultation populaire et contre la volonté de l’immense majorité du pays... des contrastes.

Les Grecs se refusent d’être colonisés de la sorte c’est prouvé, sondages compris. Sauf que les politiques agissent et se maintiennent à leur pseudo pouvoir local que grâce aux avantages distribués par leurs maîtres, ils exécutent alors des tâches pour lesquelles ils ont été choisis par cette classe issue de la tératogenèse historique de la soi-disant élite mondiale, les Rockefeller, Gates, Sóros et assimilés.

Et voilà que le pays réel se rebiffe comme prévu une fois de plus. Dès la sortie partielle du confinement, les Grecs se mobilisent comme à Árnissa, bourgade de la région de Pella en Macédoine grecque, en ce 6 mai. Ainsi, lorsque la Police est arrivée sur place vers deux heures du matin escortant un autocar empli de migrants transférés depuis Lesbos, elle a aussitôt affronté les habitants, fermement déterminés à ne pas permettre l’installation des migrants dans un hôtel de leur ville. C’est justement l’ultime réaction possible pour une population d’abord trahie et ensuite acculée, devant le fait accompli en toute illégalité mais enfin légalisé par cet étatisme hostile aux intérêts et prérogatives de la nation encore inscrits dans la Constitution. Un étatisme et une classe politique qui déclarent la guerre au nativisme, d’après même une déclaration de Mitsotákis. Pour les habitants forcément natifs, leur seule et dernière manière devant la trahison caractérisée de la classe politique, c’est de défendre leur territoire, et à Árnissa ils ont ainsi en partie brûlé l’hôtel en question, presse locale du 6 mai 2020.

Les habitants ont brûlé l’hôtel en question. Árnissa, mai 2020, presse grecque

Les jeunes sur la place à Agía Paraskeví. Mai 2020

Les agents de Sóros, autant dans la rue qu’au gouvernement, jouent alors à ce piètre jeu de la fabrication du prétexte au déclenchement de nouvelles mesures restrictives, “puisque les jeunes ne respectent pas les règles”. La presse, chien de garde à l’image de “To Pontíki” croit savoir “que dans la mesure où les règles et les consignes ne sont pas respectées, le gouvernement peut alors adopter d’autres mesures, notamment l’interdiction de circuler de nuit, de minuit à six heures du matin.”

Ce n’est pas pour cause de coronavirus qu’une telle mesure peut alors être choisie, mais bel et bien pour interdire la mobilisation des habitants lors des transferts toujours de nuit, de ces étranges convois en cet âge décidément nouvel... du nativisme confiné. Sauf que les Grecs ne se laissent plus faire et que le chemin avait été montré depuis Lesbos et Chios en février dernier. Leurs habitants ont même pris les armes pour défendre leur terre ainsi que leur vie. Et quant à la “gouvernance” du cosmopolite Mitsotákis la surprise fut alors totale. D’après de sources locales, les policiers dépêchés sur place pour imposer la construction de deux campements-villes supplémentaires pour colons musulmans, il y a eu près de cinquante blessés avant de quitter l’île vaincus et humiliés. Dans la même série des faits, les policiers ainsi que les autocars transportant les migrants ont dû quitter Árnissa devant la détermination populaire, pour finalement installer les migrants ailleurs, bien naturellement à la hâte.

Des habitants ont même fait remarquer aux journalistes de la presse locale présents à Árnissa, que les soi-disant normes de distanciation sociale à l’intérieur des autocars n’ont pas été observées et que les migrants ne portaient pas de masques. “Donc, vous vous foutez de nous, et d’ailleurs pourquoi bon sang transportez-vous ces gens que de nuit à la manière des bandits ? Que les 300 députés prennent alors ces gens chez eux”, paroles d’un habitant... nativiste sans aucune ambiguïté.

Péloponnèse oublié. Mai 2020

Mécontentement des chaises vides. Restaurateurs en Crète, mais 2020

Au même moment, les professionnels de la branche restauration ont manifesté cette semaine installant sur certains lieux publics plusieurs centaines de chaises vides... devant le vide économique qui se profile à l’horizon très chargé en cette saison. Près de 65% des hôtels n’ouvriront sans doute pas cet été, tandis qu’une bonne partie parmi eux pourraient alors finir bradés après faillite, au profit bien entendu des rapaces mondiaux. Car le méta-capitalisme de Sóros et de Bill Gates c’est aussi cela. Remplacer à terme les nationaux, puis exercer une razzia sans précédent sur les biens publics et privés des nations et enfin... diminuer drastiquement et arbitrairement la population de la planète, après l’avoir soumis au totalitarisme de la féodalité numérique.

Beau pays, tout en contrastes en attendant. La bonne nouvelle du moment c’est que le ministre de l’Intérieur Chrisochoḯdis vient de demander la révision du procès des assassins soi-disant introuvables de la banque Marfin. Une diversion peut-être mais c’est tout de même à première vue positif. Rappel des faits.

C’était le 5 mai 2010 à Athènes. La rue Stadíou était alors remplie de citoyens qui manifestaient dans l’une des plus importantes manifestations dans la capitale contre l’adoption imminente du premier Mémorandum signé entre la Troïka et le “gouvernement” du salopard politique Papandréou, marionnette de Sóros et de la Goldman Sachs. Soudain, de cette foule, se détache un groupe de douze personnes cagoulées, issues des anarchisants et des rangs d’Antarsýa sous l’impulsion avérée de son chef athénien Constantínou, individus qui se dirigent vers la librairie “Ianós” et vers l’agence de la banque “Marfin Bank” au numéro 23 de la rue. Ces nouveaux cagoulards brisent alors les fenêtres de l’établissement et lancent à l’intérieur de nombreux cocktails Molotov.

Chez Marfin, huit employés de la banque resteront piégés à l’intérieur qui est rapidement ravagé par le feu et où une épaisse fumée rend l’air irrespirable puisque la seule issue de sortie restera verrouillée et que surtout, les assassins gauchistes empêchent l’arrivée des secours et des pompiers aux cris, “brulez-le”. Des employés avaient joint leurs proches par téléphone... pour leur dire adieu, tandis que d’autres, tentaient de repérer une fenêtre pour sauter si possible côté rue. Cinq employés ont été sauvés par les pompiers arrivés sur les lieux malgré tout, mais pas tous. Trois jeunes employés et un enfant qui n’était pas encore né ont trouvé une mort atroce et alors tragique: Épaminondas Tsakális 36 ans, Paraskeví Zoúlia 35 ans et Angelikí Papathanassopoúlou 32 ans, enceinte.

J’y étais au moment des faits, je me trouvais de l’autre côté de la manifestation, à trois cent mètres de la rue Stadíou sur la place Sýntagma. La terrible nouvelle a été sitôt diffusée rapidement entre nous. Nos cœurs, nos réactions, ont été figés, tel avait été en réalité le premier des chocs portés à la Resistance des Grecs contre le nouveau Régime ethnocide des memoranda imposé par la Troïka. Comme souvent dans l’histoire des mouvements sociaux, ce meurtre n’est qu’une affaire de la cinquième colonne... disons classique. Lors du procès sous SYRIZA, l’enquête aurait pu identifier très précisent les assassins, sauf qu’elle a été étouffée et close sans aller jusqu’au bout. Il faut dire que le... psoriasis Sóros est très rependu chez les juges, à l’image même de l’actuelle Présidente de la République et ancienne juge, nommée d’après une cooptation, rappelons-le, entre Tsípras et Mitsotákis, en somme un choix de Berlin, de Bruxelles autant que de la nébuleuse Sóros. Notons enfin que par ailleurs, la dite justice européenne est autant, voire davantage noyautée par les Sorites que le pouvoir judiciaire dans chaque pays, voilà où nous en sommes, presse française, février 2020.

Caïque. Péloponnèse, mai 2020

Le phoque. Péloponnèse, mai 2020

Beau pays... sans répit. Pourtant, sous le confinement encore strict de la semaine dernière les habitants du village s’extasiaient plutôt devant le spectacle des phoques qui s’approchent si près du rivage et du petit port.

Les phoques sont de retour presque chaque jour, en dépit de la reprise de la pêche des amateurs de nouveau autorisée. Il faut dire que du poisson cette année et pour l’instant, il y en a suffisamment pour tout le monde. Nos chats, animaux adespotes par excellence le savent également.

Odysséas Elýtis qui était tant un poète patriote et même nativiste on dirait aujourd’hui, ne s’y est donc pas trompé. “Un homme qui se réveille à l’aube devant un petit port mauve et qui aurait voulu n’avoir jamais appris à lire ou à écrire — quel miracle ! Il descend au petit rocher pour détacher la barque. Bientôt, l’une des crêtes de la montagne va rougir. D’un moment à l’autre le Kouros apparaîtra, et derrière lui les lignes des autres îles, la goélette délestée, une chapelle consacrée au Prophète Élie. Puis, tout s’éteindra, et il restera le visage brun et pur, aux grands yeux, du pêcheur au panier, ton voisin d’aujourd’hui, mais aussi l’éternel Apôtre, prêcheur des trésors — et des hommes.”

Beau pays, terre de contrastes... sauf manipulation !
Nos chats, animaux adespotes par excellence. Péloponnèse, mai 2020

* Photo de couverture: Terre de contrastes. Péloponnèse, mai 2020