Sauve qui peut. Athènes des quartiers et des platitudes se vide peu à peu. C’est bien connu, bientôt le 15 août grec, et c’est alors Pâques de l’été. Saison oblige, sur les terrasses étroites de la capitale on interprète du bon vieux chant Rebétiko, manière de vivre comme de survivre. Du chagrin qui ne se vide plus tout à fait, nos touristes apprécient certes sauf que les participants... autochtones, musiciens compris, auront une fois de plus le regard dans le vide. Sauve qui peut.
Dans le vieux Péloponnèse certaines plages demeureront autant vides, jusqu’au 15 août en tout cas ; le pays a ses ressources comme on aime le dire pour se rassurer, rien que par les truismes. Et c’est alors encore vrai, une partie de la Grèce restant toujours accessible sans les entassements du moment. Surtout lorsqu’on peut.
Car dans l’immeuble athénien c’est toujours la grogne. Plus de la moitié des occupants ne partiront guère en vacances cette année, ou sinon, durant deux à trois jours vers le 15 août. Sauve qui peut mais vraiment. Mon ami S., travailleur plus pauvre que jamais fera de même me dit-il. Il est journaliste ayant retrouvé enfin du travail dans sa branche... sciée, et il perçoit le tiers de son salaire de l’avant Troïka. “2010 c’est alors si loin, nous irons chez nos amis P. de l’île de Salamine et c’est tout. Remercions Dieu... ainsi que notre chance d’être encore là.”
Pays dit béni des dieux, chapelles du Péloponnèse mystique, nos animaux adespotes buvant de l’eau sous le soleil des tavernes et des ports, moutons et autres caprins aux bergers n’ayant pas perdu autant de leur pouvoir d’achat que les journalistes, voilà pour ce qui est du panorama des évidences. Moutons et alors... mutants, l’été déjà en toute beauté !
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Péloponnèse mystique. Août 2019 |
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Boire. Péloponnèse, août 2019 |
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Nos moutons. Péloponnèse, août 2019 |
Une certaine mode suggère d’ailleurs toute notre banalité tournant en boucle, en Grèce comme ailleurs, effets de mode et mode d’emploi remuant plutôt dans le vide. Ainsi va la vie, ainsi s’accomplie-t-elle alors la gouvernance actuelle, été comme hiver. Même la presse mainstream fera remarquer à travers ses dessins parfois bien réussis ce glissement méta-démocratique de la “gouvernance” sous Mitsotákis, rien déjà que par le casting au sujet des nouveaux ministres et autres... administrateurs présumés de l’État.
“Chers collaborateurs, nous avons décidé que de transférer le siège de notre gouvernement ici, étant donné que l’ancien Palais du Premier Ministre ne remplissait plus toutes les exigences requises pour notre nouvelle gouvernance”. Voilà pour la petite phrase que le dessin du quotidien “Kathimeriní” attribuera au Premier ministre Mitsotákis.
Et il est vrai que les nominations issues du privé, très privé dirait-on, alors elles font légion, les masques tombent mais le pays réel est comme on dit certes en vacances, voire vacant. On n’en fera sans doute plus un fromage ! Dernière nomination en date, celle de l’ancien PDG de la multinationale de sécurité privée G4S
pour la Grèce Panagiótis Kontoléon, à la tête des Services... présumés Secrets grecs.
La presse s’en émeuve à juste titre, les profils sur les réseaux sociaux de Kontoléon viennent d’être allégés, voire effacés, on ne sait pas grand-chose sur le profil du... super vigile dont la société assure entre autres en partie la sécurité à l’Ambassade des États-Unis à Athènes. Athènes sans doute des quartiers et des platitudes qui se vide peu à peu, et l’ultime sens de la politique avec, presse grecque de la semaine.
Soleil grec, nos touristes rassurés et sécurisés sous l’Acropole, rumeurs faisant état de la main invisible transnationale et anglo-saxonne, ayant en réalité nommé Kontoléon... et le tout Mitsotákis avec, de même qu’avec Tsípras. Politique... le plus ancien métier du monde !
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Se souvenir. Athènes, août 2019 |
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Chers collaborateurs du gouvernent. ‘Kathimeriní’ du 4 août 2019 |
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Nos touristes sous l'Acropole. Athènes, août 2019 |
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Fromages. Athènes, août 2019 |
Puis il y a cet autre pays. Sous le soleil le labeur, puis la belle œuvre. Archéologues infatigables, peu payés sous le décalquant une sitôt une phrase antique, épigraphie oblige. Temps encore arrêté, été grec. Mines d’argent, minerais encore exploités jusqu’à la fin des années 1970 à Lávrion, à deux pas du bien célèbre Cap Sounion. L’Antiquité, ses esclaves et peut-être les nôtres.
“Ce n’était plus rentable de poursuivre l’exploitation des mines, car les salaires des ouvriers avaient enfin augmenté en cette fin des années 1970. Mais par les temps qui courent qui sait ? On va peut-être reprendre le travail. Notre coin est si riche en gisements contenus dans les roches, il y a près de 300 différents repérés et identifiés par les spécialistes, il y a même quelques traces d’uranium c’est pour dire”, assure-t-il Stávros, habitant des lieux et habitués des galeries.
Lávrion ainsi lieu connu depuis l'Antiquité classique pour l'exploitation des mines d'argent, métal qui permettait alors à la cité d'Athènes de battre monnaie et d'armer sa flotte. L’extraction du métal cessa jusqu'à la fin du siècle d’avant, où une société franco-italienne décida de la relancer, non sans entrer en conflit avec l’État grec au sujet à de l’exploitation, notamment celle des scories antiques.
Temps anciens, galeries abandonnées, site archéologique et alors conserves de poisson de la marque Geisha que les derniers des ouvriers ont pu consommer... avant d’être définitivement consommés à leur tour. Été grec, entre ses mutants et ses moutons. Sauve alors qui peut !
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Archéologues. Attique, août 2019 |
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Bassins de l'Antiquité. Lavrion, août 2019 |
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Détonateurs utilisés dans les mines. Lávrion, août 2019 |
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Conserve Geisha. Lávrion, août 2019 |
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Dans les mines. Lávrion, août 2019 |
La vie d’antan, les galeries, leurs détonateurs et autres merveilles. Saison oblige, sur les terrasses de la capitale on interprète du bon vieux chant Rebétiko, lorsque les navires se rendent au Pirée, tandis que Princesse, tout comme les autres chats accompagnent toujours travailleurs et grands hommes des petits métiers.
La ville se vide, les touristes sont là et pourtant, la petite boutique de Pávlos en plein centre dit touristique va plutôt mal. “Je suis vieux, un trop vieux vendeur de vielles cartes et images, cela n’intéresse plus tellement les gens. Ils pensent alors que seul le numérique, rien que les numérique leur suffira”, soupire-t-il. Du chagrin qui ne se vide plus tout à fait. “Mais voilà que le numérique les emportera mais c’est ainsi. Je finirai ici avec ma Princesse, la seule, la véritable Princesse de ma bien pauvre boutique.” L’été grec en toute dignité restera ainsi largement ignoré... Princesse aussi !
Images furtives, avertissements politiques désappris, actrices alors largement inconnues qui s’entraînent alors en ville pour un prochain spectacle. Nos adespotes enfin, par temps bien chaud.
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Princesse dans sa boutique. Athènes, août 2019 |
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Messages politiques. Athènes, août 2019 |
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Nos adespotes. Athènes, août 2019 |
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Actrice inconnue. Athènes, août 2019 |
Pays sous son seul soleil. Les cafés du Pirée se vident aussi dans l’après midi, sieste oblige. Les non travailleurs voulus ou obligés se retirent en attendant le soir. Les ferrys quittent alors le grand port à toute allure, c’est alors le temps des rotations les plus folles de l’année comme on aime dire.
Athènes, ville qui se vide, le... silence des agneaux, le bruit des plages. Moutons et alors mutants. Été bien grec, notre vaillante Mimi a 16 ans et elle se défend comme elle peut par ce temps pourtant si clair et net. Sauve qui peut !
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Mimi de Greek Crisis. Athènes, août 2019 |
* Photo de couverture: On interprète du bon vieux chant Rebétiko. Athènes, août 2019