Greek Crisis

jeudi 22 septembre 2016

Au-delà de l'invisible



Septembre, déjà fascinant. On attend les bateaux pêche... comme on attend souvent les embarcations des migrants depuis la Turquie. Nos nombreux touristes défilant devant Épidaure ou déambulant dans les ruelles étroites de Nauplie, n’y distinguent presque rien de l’implosion grecque laquelle s’accélère comme jamais, autant dans les faits qu’à travers ses réalités. Comme ils ne verront rien de... l’explosion parallèle qui se joue alors à Lesbos, où la population vient de se révolter ne supportant plus la destruction (finale ?) de son économie, de son cadre de vie, ainsi que de ses biens par la présence imposée et imposante de presque six mille migrants sur l’île.

Les habitants de Lesbos révoltés. Presse grecque, 19 septembre 2016

D’après la version des faits, rapportés par lesvosnews.gr: “Dans l'après-midi (du 18 septembre), le port de Mytilène s’est transformé en lieu d’affrontement et de tension, lorsqu’un groupe de ‘solidaires’ avec les migrants, avait tenté d’entraver la route au détachement militaire (de l’Armée Grecque) qui (comme habituellement) s’y rendait, pour abaisser avec les honneurs le drapeau grec, en face de l'ancienne Capitainerie de la ville”.

Les ‘solidaires’, issus probablement du milieu anarchiste, criaient constamment slogans, provoquant ainsi les habitants de Lesbos lesquels observaient la scène abasourdis, depuis le trottoir d’en face. L’attitude des ‘solidaires’ a provoqué ainsi l'indignation générale, et la tension monta dangereusement. Aussitôt, les forces et la police anti-émeute ont été dépêchées sur place pour empêcher les affrontements”.

Au moment venu d'abaisser le drapeau, le détachement militaire s’approcha, fanfare en tête. Les ‘solidaires’ ont continué à provoquer et à crier divers slogans, tandis que les quelques migrants qui s’y trouvaient, probablement victimes de certains instigateurs, sont sur le coup restés dans l’expectative. Les citoyens de Lesbos ne pouvant plus supporter de voir ces ‘solidaires’ poursuivre ainsi jusqu’à gâcher l'ambiance de l'abaissement du drapeau, certains individus se sont rapprochés des ‘solidaires’. L’ambiance devenant paroxysmique, il y a eu déjà quelques heurts et c’est grâce à l’intervention de la police que le pire a été empêché”.

Affrontements et agressions à Mytilène, Lesbos, le 20 septembre (presse grecque)

Le camp des migrants ravagé par l'incendie du 19 septembre. Lesbos (pesse grecque)

Alexis Tsipras sur la question des migrants au Siège de l'ONU. Presse grecque, le 19 septembre

Lors de l'abaissement du drapeau, les ‘solidaires’ n’ont pas cessé de crier leurs slogans ; cependant, ils ont été couverts par la voix des habitants, scandant haut et fort ‘Grèce - Grèce’ avant de chanter tous ensemble notre hymne national. La vidéo que nous vous présentons est fort éloquente !

Ces séquences de ‘lesvosnews’, dont une autre version est à découvrir également ici venus tout droit de Lesbos comme d’une incertaine ouverture vers le chaos, sont certes visiblement traitées après montage, cependant... un certain bilan s’impose et s’explose.

D’abord (et cela se vérifie à chaque occasion), les Grecs... plébiscitent leur armée comme jamais auparavant après la chute de la Junte des Colonels. Les membres des ONG solidaires et/ou “solidaires” des migrants, financées par les organismes internationaux et par le financier Soros, incarnent parfois un rôle bien néfaste, en répandant de fausses rumeurs parmi les migrants, tout en provoquant (et cela dans toutes les acceptions du verbe), le sentiment patriotique (blessé) des Grecs.

“C'est le vent de l'indifférence qui souffle”. Athènes, septembre 2016

Une certaine allégorie grecque. Péloponnèse, septembre 2016

Représentations et mentalités. Athènes, septembre 2016

Enfin, ceux de l’Aube dorée (le procès de certains de leurs pour l’assassinat de Pávlos Fyssas vient tout juste de reprendre à Athènes), en profitent de ce moment si grave, pour y trouver... leur compte. Tristes moments, vraiment. “La situation à Lesbos est incontrôlable”, rappelle aussitôt la presse d’Athènes (‘Kathimeriní du 20 septembre).

Tout a commencé ce matin, suite à la rumeur propagée dans le camp au sujet des prétendues reconductions massives des migrants vers la Turquie. La protestation a pris rapidement un caractère de rébellion, entraînant environ 300 migrants à fuir le camp, dans une tentative d'organiser un cortège de protestation dans la ville. La police les a arrêtés pour les reconduire au campement ; où, les incidents se sont succédés, provoquant des incendies, à la fois au centre d'hébergement et dans l’oliveraie qui entoure le camp. La panique y régnait, un grand nombre de réfugiés et de migrants quittant le camp pour sauver leurs vies”. “Plus tôt dans la journée, lors d’une marche organisée par les habitants qui protestaient contre la présence du grand nombre de réfugiés et de migrants piégés sur leur île, des incidents ont éclaté. Parmi les quelque 500 personnes rassemblées, des adeptes de l’Aube Dorée s’y sont introduits, d’après certains témoins oculaires. Lorsque la marche a atteint l’Hôtel de Ville, ces Aubedoriens ont commencé à crier des slogans nationalistes. Plus tard, ils ont agressé trois femmes, lesquelles sont connues pour leurs actions d’aide aux migrants à l’intérieur des camps. (...) Dimanche dernier, le Conseil municipal a ainsi demandé de limiter le nombre de personnes (migrants) vivant sur l'île à 3.000 (aujourd'hui en Lesbos y résident 5.650 personnes), et aussi, le départ des ONG, des camp des migrants”.

Histoire... ancienne. Nauplie, septembre 2016

Touristes à Épidaure. Septembre 2016

Passé pétrifié. Nauplie, septembre 2016

Comme parfois à son habitude, une certaine presse française, a cru (?) rapporter les faits, sans consacrer une seule ligne sur le sort, ou sur les réactions de la population de l’île de Lesbos, à l’exemple du “Figaro”, désinformation, ou alors manque de sources ?

Alexis Tsipras, en... retard aussi d’un épisode, clame depuis la tribune de l’ONU: “Si nous n'agissons pas, si nous ne nous tombons pas d’accord sur l’effort nécessaire pour remplacer les routes illégales des migrations par d’autres, juridiquement acceptables et compatibles avec une vision humanitaire, si nous n’abordons pas les causes profondes des migrations (...) le pire sera devant nous, donnant de l'espace aux forces xénophobes et nationalistes lesquelles montreront tout leur visage, et cela pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale”, “To Pontíki” du 19 septembre. Paroles...

Un certain calme, précaire et relatif revient (d’après les reportages) en tout cas à Lesbos. Le “gouvernement” Tsipras est depuis à la recherche d’un ferry, lequel sera affrété afin de loger les migrants suite à la destruction partielle du campement de Moria, bien que ce dernier est en même temps en reconstruction. Le pays... croit pouvoir encore retenir non souffle. Jusqu’à quand ?

L'autre Grèce, touristes à Athènes. Septembre 2016

La beauté ne suffit pas... pour calmer l'homme. Golfe Saronique, septembre 2016

Restaurant 'La Grèce'. Nauplie, septembre 2016

La beauté des paysages ne suffit pas... pour calmer l'homme dans... sa nature alors la plus profonde. Yannis Makridakis, écrivain et altermondialiste engagé, ayant choisi de retourner vivre en autarcie, à Volissos, village de Chios, son île natale, tire aussi la sonnette d’alarme.

La situation relevant de la question des réfugiés en mer Égée du Nord est grave, et elle va s’empirer. Et cela, parce qu’il n’y aucune perspective qui pourrait la soulager, et il n'y a pas de volonté politique évidemment allant dans ce sens. Au contraire, tout porte à croire que très bientôt nous connaîtrons des affrontements violents et des morts ici sur nos îles”.

Chios devient de fait la prison, pour plus de 3500 réfugiés et migrants, dont 2000 vivent dans des tentes de fortune et autres bâtiments préfabriqués repartis dans deux camps du centre-ville. Ces gens sont désespérés, sans aucun espoir de retrouver une vie normale, sans argent d’ailleurs, ils sont parqués ici tout simplement, parce que l’UE et le gouvernement grec ont adopté une seule et même position politique face au problème des migrants qui devient autant le problème de la population locale: ‘Débouillez-vous’”, (l’expression argotique en grec utilisée ici (‘Débrouillez-vous’) par l’auteur c’est: “Coupez-vous la gorge”).

Nature... atténuante. Péloponnèse, septembre 2016

Dans les îles. Grèce, septembre 2016

Dans les îles. Grèce, septembre 2016

C’est très exactement ce qui se produira très bientôt et alors, il ne faut pas se demander rétrospectivement pourquoi cela est-il ainsi arrivé. Sur Chios déjà, de bien nombreux habitants à proximité du camp (Hot Spot) du centre-ville, comme ceux issus des villages situés à proximité des autres campements, vivent... directement sous les effets de l’insécurité, situation sans précédent pour la vie sur l’île, et bien évidemment, c’est très gênant pour les habitants. Dans une île où les habitants avaient l'habitude de dormir ou de sortir de leurs maisons laissant la clé sur la porte, tout d’un coup, il y règne de l’insécurité, comme de la petite délinquance au quotidien, et sous certaines conditions, tout peut alors s’aggraver rapidement. Et tout cela n’est que le résultat d’une politique pratiquant l’absence totale d’action de la part de l’État grec, ou plutôt, relevant du choix délibéré de sacrifier la population locale et d’ailleurs autant les réfugiés eux-mêmes, car le gouvernement pratique en réalité la seule politique... de torche-cul (sic) de Mme Merkel”.

La situation ne sent pas seulement la poudre à canon, mais plutôt le sang. Très bientôt il y aura un premier mort, soit parmi les Grecs, soit parmi les réfugiés ou sinon, parmi les membres étrangers des ONG installées ici, et cela... portera tous les fruits de la politique du... ‘couper la gorge’ (‘Débouillez-vous’), que le gouvernement grec applique depuis longtemps sur l'île”, blog de Yannis Makridakis.

Partout en Grèce d’ailleurs c’est l’ébullition, et déjà, certaines associations de parents d’élèves, s’opposent ouvertement à la scolarisation des enfants des migrants dans les écoles grecques. Parfois les arguments utilisés sont en apparence... aseptisés, mettant en avant le (véritable) problème sanitaire que la présence des migrants pose en Grèce. Ailleurs, toute la vérité d’une argumentation largement partagée par l’immense majorité des Grecs est ainsi ouvertement exprimée: “Nous ne voulons pas parmi nos enfants, ces enfants issus d’une autre culture, d’une autre religion, d’une autre manière de considérer la place de la femme et pour tout de la démocratie, en plus, on nous avait dit que ces populations ne font que transiter, et non pas... de s’y installer”, lettre ouverte des parents d’élèves de Filippiada (Région d’Épire).

’Atheaton’, c'est-à-dire... l'invisible. Grèce, septembre 2016

Le... visible. Athènes, septembre 2016

Mieux... avec la Drachme. Athènes, septembre 2016

Ainsi va la vie... préparant parfois la mort. Eleni, mère d’un jeune enfant habitante d’un village Thessalien et depuis toujours fidèle électrice du PC grec, vient de franchir un cap visiblement dans ses positions... pratiques, comme politiques:

Notre village (proche de la ville) a perdu 350 habitants sur 1200 depuis le début de la crise. Nos jeunes sont partis travailler en Allemagne ou en Suisse, ils ont emmené aussi leurs enfants, contrairement à ce qui s’est passé dans les années 1960. C’est parce qu’en ce moment, les Grecs qui partent, savent que l’avenir de leurs enfants en Grèce est bien fichu, c’est clair. Ainsi l’école primaire risque de fermer et pour éviter cette fermeture, les autorités nous proposent d’y inscrire quelques enfants issus des familles gitanes, vivant aux alentours. Les gens du village s’y opposent fermement. Ils sont cons (sic). Moi, j’ai clairement dit ce que je pense:

Vous êtes des idiots. Ces enfants gitans sont nos compatriotes, ils sont Chrétiens Orthodoxes comme nous, ils font leur service militaire et de fait, nous cohabitons ensemble depuis bien de siècles. Si vous n’acceptez pas leurs enfants, la municipalité et le Ministère, vont nous obliger à accepter les enfants des migrants (il y a un petit campement déjà de 300 personnes), et c’est bien la catastrophe qui se produira, réveillez-vous enfin !”.

Grèce... paisible. Nauplie, septembre 2016

Grèce... paisible. Péloponnèse, septembre 2016

Grèce touristique. Athènes, septembre 2016

Grèce paisible et Grèce touristique... Septembre, déjà mois fascinant.

SYRIZA a offert tous les biens de l'État Grec à une hyper-caisse contrôlée par la Troïka, c'est-à-dire par des étrangers. C’est une trahison nationale qui dépasse d’ailleurs celle de la gauche par SYRIZA, voilà l’œuvre de SYRIZA, notre pays se trouve sous une occupation coloniale comme jamais auparavant. Le général Metaxás ou les Colonels... n’ont jamais tombé si bas. Alexis Tsipras et les siens sont une bande de criminels politiques, c’est le gouvernement le plus vendu... et cela depuis toujours”, déclare très ouvertement Alékos Alavános, ancien chef de... SYRIZA (radio 90.1 du Pirée). Je dirais que c’est le constat ainsi fait, le ressenti en tout cas, que j’entends tous les jours de la part des Grecs à plus de 90% d’entre eux. Ils en rajoutent d’ailleurs dans le... style: “Ces gens... il va falloir les pendre”, inutile de... commenter.

Entre la crise grecque, la “gestion” SYRIZA qui devient chaque jour davantage... le camp politique le plus haï en Grèce depuis bien longtemps et enfin, la crise importée et imposée, celle des migrants, le cocktail comme on dit est plus qu’explosif.

Nos nombreux touristes défilant devant Épidaure ou déambulant dans les ruelles étroites de Nauplie, n’y distinguent presque rien de l’implosion grecque laquelle s’accélère comme jamais, autant dans les faits qu’à travers ses réalités. Vivement l’été... 2017 !

Les rares êtres sensés enfin en Grèce, nous regardent visiblement bien d’en haut.

Les rares... êtres sensés. Athènes, septembre 2016




* Photo de couverture: On attend les bateaux de pêche. Péloponnèse, septembre 2016