Greek Crisis

vendredi 25 mars 2016

Temps reculés



Mois après mois, semaine après semaine c’est l’ouverture vers le chaos qui se confirme. Notre événementialité convergente s’accélère, à travers tant de... démarches terroristes suffisamment parallèles, et notamment celles, du totalitarisme financieriste (occidental et européiste pour notre cas), puis, du totalitarisme islamiste alors vecteur de sa propre variante... de la mondialisation. Sans oublier l’avancée imminente du fameux Traité transatlantique, que plus personne n’évoquera... publiquement comme par hasard, sous les effets d’une guerre à géométrie modulable depuis le Moyen Orient et jusqu’aux capitales historiques de l’Europe (forcement plongées dans un État d’exception).

Graphisme... et vision, hérités de 2015. Athènes, mars 2016

En réalité, notre... court XXIe siècle s’ouvre déjà... sous la marque d’une guerre mondiale, plus complexe que par le passé car... novatrice, si l’on tient compte de certains de ses aspects en tout cas. Car la mondialisation, contrairement aux inepties habituelles sur la prétendue “paix imposée par la seule parousie de la consommation et du commerce” dans un prétendu “village mondial multiculturel” (en réalité acculturé), stéréotypes d’une propagande largement diffusée par les médias et souvent à travers les universitaires ou également, par l’intermédiaire des maîtres des écoles ici où là en Europe, cette mondialisation demeure (comme elle l’a toujours été), synonyme de la guerre de tous contre tous et surtout, d’une minorité hyperpuissante contre le... trop grand reste de la population.

Il en est de même pour ce qui tient de la dite “construction européenne”, un projet en premier lieu de domination et de “gouvernance” totalitaires (à géométrie... ethnique pour l’instant variable), projet introduit par les élites économiques du trop Vieux Continent (celles de l’Allemagne nazie comprises puisque... recyclées dans l’européisme de l’après 1945), dessein alors accéléré suite à l’effondrement du communisme, et suite à la crise écologique (et des ressources) devenue flagrante depuis le XXe siècle finissant, comme autant par la fin déjà effective du travail de masse.

Apories comme on sait fondamentales, que la mondialisation sait bien qu’elle ne résoudra pas autrement que par la dépopulation violente de la terre, après avoir imposé (autant par les terrorismes), la métadémocratie globalisée.

En même temps, le devoir du pouvoir mondialiste qui est tout de même en crise, autrement-dit en mutation, au risque sinon de se voir contester par le... soubassement des humbles et/ou, par d’autres acteurs à travers la géopolitique du monde actuel (voir les pays des BRICS), son devoir tient ainsi à la construction d'une menace (laquelle peut-être pour autant et simultanément réelle), à partir de laquelle, la puissance du “Super-État” (et de la super-élite) assumera par la suite la “protection” des sociétés, au prix fort de la réduction drastique des libertés. Car tout “service” a forcement un coût.

Images supposées d'une autre Europe. Librairie, Athènes, mars 2016

La supposée suite dans le consumérisme. Quartier chic d'Athènes, mars 2016

Nouveauté.. des sans-abris à Athènes. Mars 2016

On sait aussi que le terrorisme véhicule finalement cette expression ultime du discours idéologique délirant et incarnant au plus haut degré de l’irrationalité... ayant la volonté d’exercer un pouvoir alors (bientôt) absolu et qui ne connaîtra plus... ses limites. En somme un totalitarisme...

Dès lors, le terrorisme devient-il désormais l'instrument politique multifonctionnel dans nos sociétés hétéronomes, plus exactement, celles des oligarchies libérales (Cornelius Castoriadis), là justement, où la “politique” demeurait déjà le seul privilège des politiciens professionnels. Car en réalité, il s’agit depuis un certain temps de piètres marionnettes, (politiciens “achetés” et/ou menacés par les hyper-élites, parfois en cours de route vers le pouvoir), il n’y a qu’à considérer l’exemple d’Alexis Tsipras pour n’évoquer que le cas de Grèce.

Ce n’est donc pas par hasard, si l’européisme se croit pouvoir se refaire toute une santé, à travers une fois de plus, l’instrumentalisation des attaques contre la population civile à Bruxelles, comme le souligne également dans son analyse, le journaliste Pierre Levy: “De nombreux commentateurs ont quand même ‘découvert’ le véritable objectif des kamikazes de Bruxelles, et le répètent en chœur: ‘c’est symboliquement l’Europe qui était visée.’ Cette propension des dirigeants de l’UE et de ses propagandistes à se croire le centre du monde n’est certes pas nouvelle, même si, en l’espèce, elle est touchante de ridicule. Car les explosifs qui ont ensanglanté Bruxelles avaient précédemment touché l’avion de touristes russes revenant d’Égypte, et même tout récemment, Istanbul - était-ce déjà l’UE qui était visée ?

Temps de tempête. Athènes Sud, mars 2016

Migrants... hébergés dans l'ancien aéroport. Athènes, mars 2016

Affiche: “Solidarité de casse aux migrants” et affichette: “Commerce à louer”. Athènes, mars 2016

Alexis Tsipras par le quotidien “Kathimeriní”, mars 2016

Qu’importe qu’aucun personnel des institutions communautaires n’ait été touché ; qu’importe que le communiqué de revendication ne fasse aucune allusion à l’Union européenne: écrire que c’est l’UE qui était visée permet à quelques plumes de pointer la solution miracle (quel que soit le problème, d’ailleurs): ‘il faut plus d’Europe’. Mettre en place une Europe fédérale, telle est la piste que pointe ainsi Arnaud Leparmentier, directeur éditorial du Monde (dans sa chronique du 24/03/2016), en déplorant toutefois que ‘les pressions populistes’ (comprendre: les réticences populaires) bloquent cette voie. Parmi les idées suggérées: ‘la création d’un FBI européen’ (tiens, il n’a pas écrit: ‘la création d’un FSB européen’...)”.

Pour sa part, Jean-Michel Servant, rédacteur en chef adjoint du quotidien régional Le Midi Libre dévoile sans ambages l’état d’esprit de certains orphelins de l’Europe: ‘ce terrorisme aveugle est aussi une opportunité pour la construction européenne’. Une opportunité. Il fallait l’écrire”, “Le terrorisme: une ‘opportunité’, selon certains partisans de l’Europe...”.

En somme, j’y ajouterais dans un premier stade, la “démocratie” autoritaire (l’oxymore crève les alors yeux autant que les consciences), est l’unique réponse des gestionnaires du pouvoir face à la crise (également provoquée) de l'État de droit comme du bien-être commun. Le terrorisme, incarne pour eux ce moyen privilégié visant à assurer la nécessaire “convergence des parties et des partis”, afin de parvenir entre autres à l'élimination de toute “opposition radicale”.

Voilà pour ce qui est du chemin choisi par le capitalisme oligarchique libéral pour “s'en sortir” de sa crise économique, politique, idéologique, culturelle, voire, écologique de manière multidimensionnelle. Autrement-dit, devant son impasse ontologique. Ce qui ne veut aucunement dire que les vecteurs, les exécutants si l’on préfère d’un certain nihilisme que nous avons vu en œuvre à Paris, à Bruxelles, mais aussi en Asie et en Afrique (il ne faut pas l’oublier), ne soient pas des assassins (et des assaillants) hautement dangereux (pour le... bas peuple toujours).

Poussière d'Afrique à Athènes. Presse grecque, mars 2016

Écolière portant un voile. Défilé pour la fête nationale. Athènes, le 24 mars (presse grecque)

Drapeaux dans une gallérie commerciale. Athènes, mars 2016

Préparatifs pour la fête nationale du 25 mars. Athènes, le 23 mars

Le monde de demain nous est alors si familier que l’on comprend alors mieux à présent, combien et comment la scénarisation de la dite crise grecque (comme des autres crises du moment), résulte de cette même gestion et même gestation (en partie contrôlée), du monde d’après. Scénarisation d’ailleurs aggravée sur place par la... “Politeía” de SYRIZA/ANEL.

Ainsi, pour la première fois cette année, lors du défilé des écoliers à l’occasion de la fête nationale grecque du 25 mars, commémorant la Révolution de 1821 ayant donné naissance à l’État néo-hellénique, Révolution et Guerre contre les Ottomans (après quatre siècles de domination turque), cette année donc et suite aux instructions du ministère de l’Éducation d’après la presse grecque, il y a eu ce cas d’une écolière musulmane portant le voile durant le défilé. Événement lequel a été aussitôt propulsé (comme il était prévu) par les médias, pour en constituer le point fort... car innovant de cette version nouvelle dans la manière de rendre symbolique... notre rapport avec l’histoire nationale

Sachant au demeurant que la Grèce n’est pas un État laïque (religion officielle le Christianisme Orthodoxe) et que de ce fait, les symboles (de près ou de loin religieux ou liés à une certaine interprétation des dogmes) ne sont aucunement interdits, l’épisode aurait pu ne pas être ainsi remarqué, sauf dans le contexte actuel, et surtout parce que son orchestration par le Ministère de l’Éducation a eu très exactement Place de la Constitution.

Prônant ouvertement le multiculturalisme, tout comme la fin... des exclusivités nationales, le gouvernement SYRIZA, tenterait à préparer l’opinion grecque devant fait (supposé) accompli de l’installation durable des migrants. Fait supposé accompli d’après les faits: location d’une certaine partie du parc immobilier par des ONG financées entre autres par le financier Georges Soros, préparation des structures du système éducatif pour recevoir les enfants des migrants et des réfugiés etc., puis et décidément par les symboles. On sait aussi que les migrants d’il y a plusieurs mois, ceux de la Syrie en tout cas, ont été plus aisés et surtout diplômés, ce sont justement ces migrants que certains pays comme l’Allemagne ont d’abord et déjà voulu attirer sur leur territoire, laissant tous les autres... sur les quais du Pirée ou dans la boue de la frontière grecque.

Inutile de dire combien dans leur immense majorité (à plus de 85% d’après les sondages), les Grecs sont hostiles à l’installation durable des migrants en Grèce. Autant que les migrants eux-mêmes dans un sens, ces derniers lorsqu’ils ont commencé à réaliser qu’ils seraient piégés dans un pays en crise et par ce fait inhospitalier, en dépit d’une certaine solidarité humaine heureusement encore manifeste, cependant, aux contours largement surestimée par la propagande de certains médias.

Outré par cette mise en scène du port du voile durant le défilé car “contraire à la culture et la démocratie grecques”, l’éditorialiste de l’hebdomadaire politique et satirique “To Pontíki” (pourtant proche de SYRIZA), Xénophon Bourtzakis, note que finalement dans une société, “l'intégration doit être accomplie en termes d'acceptation des valeurs et du mode de vie applicables au pays d’accueil. Comme la liberté a des limites, alors il doit y avoir des limites aussi dans la tolérance”.

'NON' au démantèlement de la Caisse des Indépendants. Athènes, mars 2016

Ensemble, pour la Paix. Poésie et musique. SYRIZA dans un quartier, Athènes, mars 2016

Penser l'avenir. Mathieu Baudin à Athènes. Mars 2016

Le tout, lorsqu’en même temps, le gouvernement SYRIZA/ANEL est en train d’accélérer la mise en place de son train de mesures... interminables du mémorandum et de la Troïka élargie: surimposition, nouvelles taxes sur les produits pétroliers en étude pour que le prix du gasoil soit prochainement exactement aligné à celui de l’essence et à terme... que celui du GPL suivra, la division du montant des retraites par deux, la fin des Conventions Collectives, un... meilleur encadrement de la circulation des armes (on peut comprendre), voilà pour les mesures en cours... entre tant d’autres.

Lorsqu’on sait aussi combien SYRIZA (avec ANEL) a radicalement trahi ses électeurs, ayant agi et gouverné contre la Constitution et d’abord contre le ‘NON’ massif des Grecs au mémorandum de juillet dernier, on comprend alors aisément combien tous ces... symboles promus de la sorte par SYRIZA (et au demeurant par les tenants de la mondialisation), ne passent alors plus du tout aux yeux de la population, dont une certaine sociologie de la gauche comprise. Les journalistes étrangers, certains analystes issus de la gentillesse (ce n’est pas péjoratif de ma part) des Think tanks, ou encore certains diplomates, ont certes leurs raisons pour ne pas comprendre que désormais le sentiment dominant chez les Grecs vis-à-vis de SYRIZA (et non pas vis-à-vis des migrants) c’est plutôt la... haine, cependant, cela devient de plus en plus croyable !

Par la force des choses, le gouvernement tend désormais à transformer les Hot spots en centres d’hébergement fermés, d’où le départ (provisoire ?) de nombreuses ONG (en apparence signe de contestation), des îles, d’Idomeni, où encore du port du Pirée. Tout laisse penser, que l’évacuation (violente ?) du campement incontrôlé d’Idomeni serait imminente. En même temps au Pirée, certains avocats bénévoles accompagnés d’interprètes, commencent à répondre aux demandes des réfugiés et des migrants, s’agissant de comprendre comment sera-t-il alors possible de... revenir au pays d’origine (presse grecque du 23 mars).

Une certaine... expression. Athènes, mars 2016

Affiche: “Prêts auprès de banques en Roumanie et en Bulgarie, pour particuliers et entrepreneurs”. Athènes, mars 2016

Chateaubriand... d'occasion. Athènes, mars 2016

Toujours sur le port du Pirée, le Président de l’Association des Syriens de Grèce et son équipe, ont été refoulés pour avoir tenté de distribuer de la nourriture à leurs compatriotes et refugiés. Comme ils ont expliqué au micro de la radio 90,1 FM ; ils ont été “chassés par les ONG, dont le but est de bien de s'assoir sur... ce marché bien juteux, car plusieurs millions de dollars sont en jeu en réalité” (émission dans la nuit du 24 au 25 mars).

Dans les camps, la situation se détériore de jour en jour, et les violences éclatent entre groupes ethniques, lorsque par exemple des Syriens ont voulu protéger leurs femmes, leurs filles et même leurs enfants des tentatives de viol de la part d’autres migrants, Afghans ou Pakistanais entre autres (faits restitués lors de l’émission précitée de la radio 90,1 FM). Le gouvernement prépare ainsi à la hâte, la mise en place d’une vingtaine de camps supplémentaires, placés en Grèce continentale.

Ailleurs, et souvent même à Athènes, les migrants demeurent pourtant suffisamment invisibles, hors... lieux de rassemblement faits pour eux. Les premiers voiliers de la saison ont fait leur apparition en Golfe Saronique, et à Méthana (Nord du Péloponnèse), à part l’actualité politique, les habitués du café commentent les... déboires et les autres dégâts subis depuis la dernière tempête, s’agissant essentiellement d’un voilier (considéré) pour abandonné depuis octobre 2015, dans son port principal.

“Retraites, salaires et travail... à moitié. Paupérisation”. Quotidien “Ta Néa”, le 24 mars

Les premiers voiliers qui naviguent en Golfe Saronique. Mars 2016

Le voilier... orphelin à Méthana. Mars 2016

Et cependant, à l’instar de la presse qui titre parfois “Retraites, salaires et travail... à moitié. Paupérisation”, dans les bistros du coin comme de chaque coin, la grande masse des humbles, se répète alors à souhait que... l’ouverture vers le chaos se confirme, autant à travers les... démarches terroristes ainsi parallèles ; l’asphyxie économique, la paupérisation et la destruction de toute vision d’avenir en font autant partie, les Grecs en sont fort conscients.

En faisant semblant d’oublier (un peu) l’avancée imminente du fameux Traité transatlantique que plus personne n’évoquera... publiquement de toute manière, nous pouvons encore apprendre, comme ne lisant une revue italienne sur “L'Histoire des Grecs d'Italie”, admirer une certaine architecture des années 1920 à Méthana, ou encore, songer à Roberto, chat perdu dans un quartier d’Athènes... ainsi que dans ce très bas monde des humains.

“L'Histoire des Grecs d'Italie”. En kiosque à Athènes, mars 2016

Roberto, chat perdu dans un quartier d’Athènes. Mars 2016

Architecture des années 1920 à Méthana. Mars 2016

Comme on peut enfin consulter... rien que pour s’amuser, le manuel que l’on suppose rédigé par un certain Marcus Sidonius Falx, “L'art de gouverner ses esclaves”, “Un manuel clair pour s'initier à l'art de gouverner ses esclaves à la romaine, une multitude de conseils pratiques pour le néophyte. Cet ouvrage, nourri d'une multitude de sources originales, explore les pratiques de l'esclavage sous une forme insolite: un récit mené sur un ton alerte par un noble romain, suivi du point de vue, plus grave, de l'auteur, l’historien Jerry Toner”.

Ainsi sont brillamment éclairées les réalités d'une pratique qu'on croirait à tort éteinte. “Manifestement, c'est un métier à défaut d'être un art et le narrateur qui conte ici les multiples difficultés rencontrées dans l'exercice délicat de la gestion des gens soumis à sa totale volonté (en des temps pas tant reculés), ne manque pas de conseil”, a commenté sur la page internet relative à l’ouvrage, un lecteur finalement heureux.

En des temps pas tant reculés... sauf pour les eternels animaux adespotes (sans maîtres).

Eternels animaux adespotes. Grèce, mars 2016




* Photo de couverture: Chaos. Athènes, mars 2016