Greek Crisis

jeudi 18 février 2016

Jacqueries grecques



Les agriculteurs ont évacué Athènes pour retrouver leurs engins agricoles sur le bitume des routes et des autoroutes. La Grèce, toujours... abrégée par endroits suite au blocage des axes routiers, d’autant que le pays se trouve déjà... réduit à la futilité de la dite “crise”. Le réel en somme, tout simplement évacué... et en attendant, la frontière entre la Grèce et la Bulgarie est fermée au matin du 18 février.

Pour la dignité. Place de la Constitution, le 12 février

C’est sans doute pour cette raison que les Syrizistes gouvernementaux de ce dernier temps (et de leur dernier temps ?), détruisent en ce moment - d’après mes propres sources - ces documents (électroniques comme en papier... tangible), imprimés et manuscrits établis et archivés depuis sa création, par la Commission pour la vérité sur la dette grecque, elle-même dissoute en novembre 2015 par les... anciens camarades. Réel... ainsi évacué.

Place de la Constitution (Sýntagma), près du campement d’un jour installé par les agriculteurs-manifestants du 12 février, le message de la dignité était réapparu, accroché sous ce cyprès, où très précisément notre concitoyen et pharmacien à la retraite Dimítris Christoúlas s’était suicidé en avril 2012.

Le “Réseau Informel de la Vie Contre le Suicide”, à l’origine du message, dont je connais personnellement les principaux initiateurs, avait constitué au départ, un... effort parallèle et alors lié à la Commission pour la vérité sur la dette grecque. Son but serait de recenser, de documenter et ainsi d’argumenter, à partir d’une large enquête à travers toute la Grèce, sur le lien, entre les cas de suicide (et sur d’autres mortalités) en Grèce, causées par la politique criminelle des Mémoranda.

Place Sýntagma, le 12 février

Hélicoptère de la Police dans le ciel. Place Omónia, Athènes, février 2016

Non à la peur. Graffiti datant de juillet 2015. Athènes, février 2016

Le ‘Réseau Informel de la Vie Contre le Suicide’ est une initiative citoyenne dont l’objectif consiste à éveiller la société, tout en faisant réagir l’État face à la gravité du problème des suicides. La plupart d’entre nous, nous avions entrepris des initiatives dès Avril 2012, sous ce grand cyprès de la place Sýntagma (Place de la Constitution à Athènes), faisant immédiatement suite à l’acte sacrificiel et autant politique du pharmacien à la retraite Dimítris Christoúlas, lequel s’est suicidé pour ainsi réveiller nos concitoyens et les rendre par son acte, plus actifs et mieux responsables”.

Il faut tout de même rappeler qu’en se suicidant Place de la Constitution, le retraité pharmacien n’avait surtout pas mâché ses derniers mots. J’y étais... étrange hasard, arrivé sur les lieux quelques minutes après son suicide. Son ultime billet, écrit de sa propre main, tel un véritable manifeste politique pour ne jamais cesser de résister: “Je crois que les jeunes sans avenir, dans ce pays, prendront un jour les armes et pendront les traîtres”. Telle demeure de nouveau l’idée... la mieux répandue (depuis 2012) dans la Grèce des classes populaires comme paupérisées en ce moment, la grande différence cependant entre 2012 et 2016, tient du fait que les... Syrizistes sont considérés depuis l’été 2015 comme relevant de cette catégorie honnie des politiciens.

S’agissant du Réseau Informel de la Vie Contre le Suicide, le but, annoncé entre autres par mon ami Yórgos Vichas du Dispensaire Solidaire et Social d’Ellinikón au Sud d’Athènes, ce serait d’instruire à terme un dossier à charge auprès de juridictions nationales et internationale (ONU, Tribunaux internationaux), visant très précisément les (futures) inculpés, pour les crimes commis en Grèce par les politiques des mémoranda, ayant par exemple causé directement la mort d’au moins 25.000 personnes (manque de soins, surmortalité, suicides).

Petits vieux et petits métiers. Athènes, février 2016

Les nouvelles... ainsi figées. Athènes, février 2016

“Nous sommes tous des salopards”. Affiche sur un livre. Athènes, février 2016

Les individus alors potentiellement visées, seraient ceux qui “gouvernent” le pays depuis 2010 en piétinant comme on sait sa Constitution (dont Alexis Tsipras), au même titre que les “responsables” de la Troïka, de l’Eurogroupe, de la BCI, en leur qualité de... forces occupantes. C’est en cela que les travaux du “Réseau Informel de la Vie Contre le Suicide” auraient été si utilement indissociables des enquêtes déjà abouties depuis la création de la Commission pour la vérité sur la dette grecque.

Pour cette même raison... le Réseau de la Vie Contre le Suicide demeure alors informel, étant donné qu’l a été sciemment... torpillé par le “gouvernement” SYRIZA ; et d’ailleurs de son côté, la Région d’Attique (équipe de Rena Doúrou), n’a jamais voulu le soutenir réellement. Ceci expliquerait alors tout cela !

Et ce n’est guère surprenant que de voir donc les Syrizistes (ayant à mon avis aussi pu opérer sous ordre des Institution et de Berlin), détruire en ce moment-même, toutes les preuves (officielles) établies et archivés par la Commission pour la vérité sur la dette grecque.

Car ces piètres politiciens de l’ex-gauche ex-radicale, savent pertinemment que désormais, un retour (probable et même hypothétique) à la démocratie en Grèce, les ferait comparaître devant une Cour de Justice, où entre autres, ils seraient inculpés pour leurs actions méritant la qualification de haute trahison, un crime qui consiste en une extrême déloyauté à l'égard de leur pays, crime comme on sait souvent associée avec celui d'intelligence avec l'ennemi. Car ce que nous vivons, n’est pas une seulement crise, c’est aussi une forme de guerre, et d’ailleurs totale mais à bas voltage... à l’Européenne, ce qui ne présage rien de très... constructif pour les autres peuples de la dite UE.

Carrefours bloqués. Presse grecque du 17 février

L'état réel du pays. Presse grecque, février 2016

Agence de banque... bloquée. Presse grecque du 17 février

Telle devrait-elle être enfin la suite politique comme autant... pénale, des Papandréou, Papadémos, Samaras et autres Tsipras, pour ne citer que les... têtes de liste. En Grèce, les ultimes tenues du carnaval politique habituel tombent alors en lambeaux.

Jeudi 18 février, le Vice-ministre (ANEL) des Infrastructures Panagiótis Sgouridis, vient d’être “placé sous l'état de la démission” par Alexis Tsipras (en déplacement en Bruxelles). Sgouridis, venait de déclarer dans une interview accordé à un média local du Nord de la Grèce à Alexandroúpolis, que ni plus ni moins, “Alexis Tsipras a trompé les électeurs... agriculteurs, autant d'ailleurs que Papandréou et Samaras l’avaient exactement fait auparavant”.

Toujours jeudi 18 février dans la matinée, les locaux du ministère de la Santé ont été occupés par les grévistes issus du mouvement social dans les hôpitaux du secteur public. Au même moment partout en Grèce, de nombreux locaux appartenant à SYRIZA subissent les attaques des... assaillants paysans, comme à Missolonghi à l’Ouest de la Grèce par exemple. Les députés gouvernementaux ne peuvent alors plus circuler dans leurs circonscriptions, autrement qu’escortés par la police... Sinon, ils se doivent affronter toute la couleur de la colère locale. Il fallait s’y attendre.

Il y a quelques jours (8 février), dans la ville de la Canée en Crète, devant des locaux cernés car appartenant à la Banque (Centrale) de Grèce (propriété comme on sait de la famille Rothschild), le message déployé par les banderoles des paysans fut clair: “C'est la Banque des Colonialistes, les Rothschild hors de Grèce”.

“C'est la Banque des Colonialistes, les Rothschild hors de Grèce”. La Canée, le 8 février

Locaux SYRIZA... attaqués à Missolonghi. Le 17 février

SYRIZA.. destitué à Missolonghi. Le 17 février

Au gouvernement, on espère que la... fièvre sera passagère et que des... arrangements supposés possibles avec les protestataires (en réalité pratiquement toutes les couches de la population) finiront par calmer le jeu. SYRIZA/ANEL joue la division, déjà, à la suite d’un certain arrangement passé entre le gouvernement et ceux de la coordination paysanne thessalienne (proche du PC grec), une vingtaine d’engins agricoles avaient reçu l’autorisation de pénétrer dans Athènes, tandis qu’au même moment, les paysans de la Coordination du Péloponnèse (jugée totalement incontrôlée par le gouvernement), se sont vus interdire cette même entrée athénienne (dans le but de rejoindre le grand rassemblement du monde agricole Place Sýntagma, du 12 février).

Très amers, après avoir été les victimes de la répression policière, ceux du Péloponnèse, annoncent alors le durcissement de leur mouvement, ce qui se traduit sur le terrain par le blocage des axes routiers qui passent par le Canal de Corinthe, coupant ainsi le Péloponnèse de l’Attique.

Et dans Athènes, c’est la Police qui souvent interdit la circulation, au passage des manifestations, bien nombreuses en ce moment. Images coutumières, au même titre que la désolation des kiosques abandonnés, ou encore ce spectacle du monde ambiant (et) des mendiants, parfois handicapés et souvent d’ailleurs “retraités” grecs, guettant leur survie entre les automobiles devant les feux rouges, à l’arrêt. Je remarque d’ailleurs qu’en moins d’un an, ce qui correspond en même temps... à l’avènement SYRIZA au gouvernent, les... anciens mendiants Africains ou Pakistanais des feux rouges... ont été remplacés par des Grecs... le plus souvent âgés. Il fallait... aussi s’y attendre.

Kiosque abandonné. Athènes, février 2016

Dans Athènes, la Police qui interdit la circulation. Février 2016

Mendiants, parfois handicapés. Athènes, février 2016

Gros plan du morceau de gâteau... emballé. Athènes, février 2016

Dans Athènes, le gros plan du moment pourrait aussi se focaliser sur ces morceaux de gâteau... emballés, posés de plus en plus souvent sur les bennes à ordures, à destination des... citoyens (ou migrants) affamés... inconnus. Et pour bien faire dans la complémentarité de notre... modernité contemplative, il y a encore ceux qui peuvent également laisser de la nourriture comme de l’eau, pour nos animaux adespotes (sans maître), toujours si nombreux.

Tout ne serait-il pas entièrement perdu dans un système en voie d'effondrement dont les réservoirs se vident sans que l'on n'ait trouvé... sur quel pied danser. À Athènes, il devient possible d’apprendre à danser pour seulement 3 euros la séance, la “crise” se prétend souvent rendre désormais accessible ce qui ne l’était pas forcement avant, mais c’est en réalité faux... au pays des salaires inaccessibles. “Je ne peux plus faire grand-chose, à part survivre, depuis le nouvel effondrement du mémorandum Tsipras, je dois... proposer mes cours pour 6 euros de l'heure”, affirme-t-il mon cousin Kóstas, enseignant dans une petite école privé de cours de soutien.

De la nourriture pour animaux adespotes. Athènes, février 2016

Apprendre à danser... Athènes, février 2016

El Greco, le peintre. Exposition datant de 2015, Athènes, février 2016

Animal adespote près de l'Hôpital Agios Sávvas. Athènes, février 2016

Près de l’Hôpital Agios Sávvas à Athènes, les animaux adespotes se croyant en tous temps être les seuls maîtres des lieux, franchissent alors agilement les terrasses entre les blocs d’immeubles classées mais délabrés. Il s’agit d’un ensemble d’immeubles modernes à leur époque, lorsque dans les années 1930, leurs appartements, très exactement de 50m2 chacun, ils ont été attribués aux refugiés Grecs venus d’Asie mineure entre 1922 et 1923.

D’autres... y ont cru, mais ils n’ont été les maîtres des lieux que de manière très passagère comme toujours chez les humains. Durant la bataille d’Athènes (décembre 1944 - janvier 1945), laquelle a opposé l’Armée britannique aux combattants communistes, ces immeubles avaient abrité durant cette... deuxième phase de la Guerre civile en Grèce, ceux de gauche, d’où les tirs nourris des mitrailleuses des Britanniques, toujours perceptibles. En témoignent encore leurs traces laissées sur les murs, étranges lieux de mémoire en cette Grèce... toujours si mouvementée.

Non loin des... traces, notre ami Panagis P., vient d’être opéré pour la deuxième fois, précisément dans l’Hôpital d’Agios Sávvas d’Athènes, un Centre hospitalier spécialisé dans le diagnostic et le traitement des cancers et qui fonctionne encore. “Entre le moment de ma première opération et l’hospitalisation d’il y a dix mois et celle d'avant-hier, je constate déjà une nette dégradation dans la prise en charge, le personnel n’arrive plus à s’occuper de nous... les insuffisances règnent. Encore heureux, nous avons nos médicaments”.

Les immeubles classées mais délabrés. Athènes, février 2016

Les traces des balles laissées sur les murs... Athènes, février 2016

L’Hôpital Agios Sávvas à Athènes. Février 2016

Notre ami Panagis se croit par moment obligé... d’établir un certain bilan de sa vie et d’ailleurs de sa vie militante à Gauche, entre, les lointaines années 1970 et l’aussi bien lointaine année 2012, date à laquelle il a définitivement quitté SYRIZA, suite à la droitisation Tsipriote si bien entamée, pour ceux en tout cas qui avaient déjà des yeux pour voir.

Le réel, tout simplement évacué... dans un sens, sous le regard des animaux adespotes qui fréquentent toujours les lieux et le quartier. Les écriteaux de l’hôpital sont pourtant bien clairs dans leur message: “Ne nourrissez pas les animaux adespotes ni les pigeons”. Il fallait aussi s’y attendre !

Animal adespote du quartier d'Agios Sávvas. Athènes, Février 2016




* Photo de couverture: Paysan de Crète à Sýntagma. Athènes, février 2016