Vent fort et vent mauvais. Pour les habitants des îles de l’Égée l’événement... préoccupant du moment tient du prolongement de la grève des marins jusqu’à vendredi 6 novembre, car cela fait depuis lundi 1er novembre que les ferries restent amarrés. Le syndicat unitaire des marins PNO, n’a pas excepté de son mouvement de grève les équipages des ferries qui sont affrétés au transport des refugiés et migrants rescapés des vagues, entre les îles et le Pirée comme le lui demandait le gouvernement. Vents et même tempêtes.
Le Skopelitis, Naxos, novembre 2015 |
Et à Naxos, seul le petit ferry “Skopelitis” assurant les liaisons entre les Petites Cyclades maintient-il ses rotations, sauf que “Skopelitis” est à vrai dire toute une... institution bien à part.
Les marins sont donc en grève. À défaut d’autre politique “possible” (c’est-à-dire voulue), le gouvernement Tsipras prétend pouvoir faire... bon usage de sa gestion dans le dossier des réfugiés et migrants pour ainsi obtenir de la part des... méta-spationautes européistes, certains allégements (en somme mineurs) dans l’application des monstruosités du mémorandum III. D’où tout cet empressement face, et vis-à-vis des grévistes de la PNO, pour l’instant sans résultat.
C’est alors ainsi que les mutants de SYRIZA II au gouvernement doivent affronter “leurs” premières grèves et autres manifestations, et il y aussi grève dans certains transports en commun à Athènes par exemple tandis que les élèves et leurs enseignants ont récemment manifesté dans la capitale, déjà et rien que par écœurement devant les milliers de postes encore vacants dans l’éducation cette année.
Les... faux-bijoux de la Gauche radicale ne brilleront alors plus jamais, tandis que leur progiciel électorale d’il y a à peine un mois, dans le genre “nous appliquerons un programme parallèle face et contre le mémorandum” est déjà oublié, telle est la vitesse astrale de la désintégration du fait politique en Grèce en ce moment.
Un sans-abri à Patras... Le 3 novembre 2015 |
Gouvernement bolivien: Il faut supprimer le capitalisme... Presse grecque, novembre 2015 |
C’est alors la vie, notre vie qui se désintègre pour autant. À l’hôpital public de la ville de Patras, un sans-abri avait pensé trouver refuge dans... l’habitacle de la machinerie IRM pour échapper au froid, en réalité, aux politiques criminelles menées par nos... vaillants gouvernements.
“C'est le choc” (enfin) d’après notre presse, il a été retrouvé trois jours après sans vie, notre système de santé alors fera dans le raccourci patent de la rentabilité par les temps qui courent et qui tuent, l’IRM... c’est en quelque sorte déjà la morgue. Fait bien rare, une petite partie de notre presse évoque au même moment la récente position du gouvernement Bolivien: “Il faut supprimer le capitalisme pour sauver la planète”
Mais dans les îles grecques, cette... conscience bolivienne est immanquablement loin d’être acquise. Il y a de quoi. En visite officielle dans la colonie, Pierre Moscovici, sous le regard... vraisemblablement ahuri du “ministre” Tsakalotos, vient de rappeler les termes de l’ultimatum du mois: La Grèce dispose d’un délai de six jours jusqu’à l’Eurogroupe de lundi prochain pour appliquer les mesures pré-requises et préalables au versement d’une tranche de deux milliards d’euros.
Pierre Moscovici et le regard de Tsakalotos. “Quotidien des Rédacteurs” du 3 novembre |
Parmi ces mesures, y figurent notamment, la disparition de la protection de la résidence principale face aux saisies pour dettes, ainsi que la priorité désormais accordée aux fonds rapaces dans... l’acquisition des crédits dits ‘rouges’ accompagnés d’hypothèques, autrement-dit, tous ces prêts auprès des banques que les particuliers et les entreprises ne peuvent plus rembourser, d’après le reportage du “Quotidien des Rédacteurs” daté du 3 novembre. Vent fort et alors vent mauvais.
C’est ainsi que la mort rode en nous et autours de nous, mer Égée comprise si l’on considère autant les cadavres flottants des réfugiés et migrants, eux comme nous (mais à un degré divers)... agissant sous la ligne de flottaison de la modernité modélisatrice et mondialisante du capitalisme, si dangereux aux yeux déjà des Boliviens. L’hiver qui tombe... à pic.
Dans un ailleurs devenu si proche, mon ami Yórgos Vichas et les siens du centre solidaire médical d’Ellinikón près d’Athènes, tirent une fois de plus la sonnette d’alarme dans un communiqué publié récemment, accompagné d’une photographie issue de la campagne d’indignation et de rejet de l’escroquerie européiste entreprise il y a quelques semaines à Bruxelles même, par les pharmaciens et médecins solidaires:
Yorgos Vichas et les siens à Bruxelles. 2015 |
“À plusieurs reprises pendant des années, et également cette année, avons-nous souligné le fait que trois millions de personnes non assurées qui sont nos concitoyens ne peuvent plus attendre longtemps. L'impact dans le secteur de la santé de l'application des mémoranda est plus que dévastateur pour les assurés et évidemment pour les non assurés”.
“Suite à l'invitation de l'ancien, comme de l’actuel ministre de la Santé, le Collectif de la coordination sociale des médecins solidaires de la région d’Attique avait fait des propositions pour ce qui tient de la prise en charge des non-assurés ; elles ont été partiellement incluses dans les textes des orientations stratégiques du ministère en mai dernier. Soudainement, tout a été gelé sans que le ministère ne fournisse d'explications”.
“Sauf que les problèmes demeurent. Les non-assurés devraient en effet bénéficier d’un accès libre au système de Santé, sauf que les crédits nécessaires n’existent toujours pas de la part du ministère et le nouveau ministre de la Santé doit être bien conscient que beaucoup reste à faire. De très nombreuses unités de soins intensifs restent fermées, les patients atteints de cancer doivent attendre plusieurs mois avant le début des radiothérapies, les patients assurés et non assurés étant à la... recherchent d’un rendez-vous doivent autant patienter plusieurs mois. Le manque de personnel est dramatique, puis, nos jeunes médecins émigrent alors massivement”.
“Notre système de Santé publique devrait être urgemment financé, en lieu et place de cela, il sera placé sous tutelle d’une structure privée d’audit et de contrôle. En lieu et place de cela, le mémorandum III (de Tsipras) impose la diminution de son budget à hauteur de trois milliards d’euros sur trois ans... en lieu et place de cela, les maigres allocations dont bénéficiaient encore nos handicapés viennent d’être drastiquement diminuées, voire même supprimées.”. Faux-bijoux politiques de la Gauche radicale qui ne brillera alors plus jamais... dans les hôpitaux.
Le café du Capitaine est fermé. Naxos, novembre 2015 |
Dans les cafés de Naxos. Novembre 2015 |
Affiches du moment. Naxos, octobre - novembre 2015 |
Cependant les îles semblent être loin. Dans certains cafés de Naxos, la sociabilité déjà hivernale relève de manière bien patente de toute une autre insularité, économique et symbolique, sauf lorsqu’il est question de problèmes de maladie et du recours plus incertain que jamais au système de Santé. Car pour le grand reste du très grand bleu et des nantis du tourisme épais, les discussions portent sur la préparation... dès lors de la saison 2016: accroissement des terrasses près des plages, rénovation des hôtels, redoublement... des efforts de la presse locale face aux recettes publicitaires, et enfin, plus de quantité et de qualité dans la promotion du produit touristique de Naxos à l’étranger. Tout un programme.
En guise de résumé, la petite phrase du jour a été lancée par un Naxiote à l’heure du deuxième café: “Nous traversons une période bien étrange en Grèce, cependant nous, nous vivons bien et nous avons de la marge dans notre existence”. Le Pirée c’est bien loin et en plus, les ferries n’arrivent plus en ce moment.
L’hiver tombant on trouve déjà sur les marchés les fruits et les légumes bien de saison, et les habitants entament à la première occasion les travaux qui s’imposent chez eux, c’est peut-être aussi pour cette raison que la salle du café-billard est si vide ces derniers jours. Après-tout, l’autre café, celui... du capitaine est fermé et cela sans doute jusqu’à la prochaine saison.
Fruits et légumes de saison. Naxos, novembre 2015 |
Travaux devant l'hiver. Naxos, novembre 2015 |
Café - salle de billard, Naxos, novembre 2015 |
Les univers cycladiques croisent alors les réalités qui nous entourent, l’insularité et le tourisme forcement en plus. Il faut toutefois rappeler que la population totale et permanente des îles célèbres de l’Égée dépasse à peine les 120.000 habitants pour une richesse et un tourisme qui d’ailleurs leurs sont largement... consacrés. À titre de comparaison, la municipalité de Peristéri, quartier populaire comme de l’ex-classe moyenne dans l’Ouest de l’agglomération d’Athènes, dépasse à elle seule les 130.000 habitants.
C’est ainsi qu’à Naxos on peut encore et toujours récréer et même jouer non sans un certain succès, avec les stéréotypes, autrement-dit, au gré des valeurs supposées certaines d’une autre Grèce, celle par exemple d’Alexis Zorba (et non pas... d’Alexis Tsípras), roman comme on sait de l'écrivain Níkos Kazantzákis publié pour la première fois en 1946.
C'est l'histoire d'un jeune intellectuel grec qui entreprend d'échapper à sa vie de “souris papivore” avec l'aide du tapageur et mystérieux Alexis Zorba, et bien entendu celle du film américano-britanno-grec, réalisé par Michael Cacoyannis en 1964, avec Anthony Quinn à la bande musicale composée par Míkis Theodorakis, une autre Grèce certainement.
Épicerie, Naxos, novembre 2015 |
Boulangerie, Naxos, novembre 2015 |
Boulangerie, Naxos, novembre 2015 |
C’est ainsi qu’à Naxos, l’île où l’eau n’a pas l’air de manquer, on peut revisiter un certain passé, dans les musées comme dans des boulangeries, ou encore, admirer ces nouvelles cultures grecques, à l’image de celles de l'Aloe Vera ou aloès des Barbades, espèce comme on sait d'origine incertaine (mais moins que l’homme peut-être), mais cultivée de longue date en région méditerranéenne.
Le vent souffle encore bien fort, des voisins nautiques en ont fait déjà les frais, mais il baissera comme on dit. Le petit poisson est vendu 5 euros le kilo, et le ciel redevient alors couramment bleu. Les visiteurs attentifs et suffisamment hellénophones, remarqueront enfin les rares slogans... historiques sur les murs des villages de montagne de Naxos, bourgades tout autant historiques sinon bien davantage.
On peut ainsi lire: “Tsipras saute pour que l'espoir revienne”, la disémie du verbe “sauter” permettant de penser... ce binarisme dans un continuum sémantique plus large et plus... sexuel, sauf que le slogan date déjà de plusieurs mois, autant dire une éternité si l’on tient compte de l’événementialité galopante de la crise grecque. Non loin, on entreverra pareillement la... marque “SYRIZA” sur une benne à ordures ménagères du même village, alors et encore disémie ? Dans un sens... on peut ainsi autant revisiter un certain passé grec.
Nouvelles cultures Aloe Vera, Naxos, novembre 2015 |
Nouvelles cultures, Aloe Vera, Naxos, novembre 2015 |
On peut revisiter un certain passé, Naxos, novembre 2015 |
On peut revisiter un certain passé, Naxos, novembre 2015 |
On peut revisiter un certain passé, Naxos, novembre 2015 |
“Tsipras saute pour que l'espoir revienne”, Naxos, novembre 2015 |
La... marque “SYRIZA” sur une benne à ordures. Naxos, novembre 2015 |
Le petit poisson est vendu 5 euros le kilo, Naxos, novembre 2015 |
Le vent souffle encore bien fort, Naxos, novembre 2015 |
Seulement, le temps est venu de saluer Naxos, nos bons amis... méta-Naxiotes avec, ainsi que l’incontournable Papoutsi (alias “Chaussure”). Le temps est venu peut-être de tenter une certaine suite... belle et cependant incertaine à Greek Crisis, via le projet Crisanthrope. À défaut de pouvoir en... survivre dignement d’un tel travail engagé mais épuisant, le blog pourrait ainsi disparaître prochainement.
Temps alors forts. Les marins visitent parfois les chapelles pour se rassurer, comme d’ailleurs jadis, ils visitèrent les temples, puis les églises paléochrétiennes érigées à leurs emplacements.
Grèce, certainement terra incognita !
Les marins visitent les chapelles. Naxos, novembre 2015 |
Temple très antique devenu église paléochrétienne. Naxos, novembre 2015 |
Grèce, certainement terra incognita ! Sauf pour l’incontournable Papoutsi. Bon vent !
L'incontournable Papoutsi, Naxos, novembre 2015 |
* Photo de couverture: Naxos, novembre 2015