Étape finale ? 17 juin 2015. Certains commentateurs radio découvrent enfin que nous sommes en guerre contre l’UE et contre les institutions (Real-FM). Panagiótis Roumeliótis, représentant de la Grèce auprès du FMI en 2010, précise dans sa déposition devant la Commission d’enquête du Parlement sur les responsabilités politiques qui ont conduit la Grèce sous le joug de la Troïka, que “des négociations secrètes ont eu lieu entre le FMI et les gouvernements allemand et français de l'époque en amont du programme grec”.
Le menu de la crise. Athènes, juin 2015 |
Le but étant de préparer le terrain pour sauver les banques françaises et allemandes exposées à la dette grecque et par la même occasion empêcher la faillite grecque en lui imposant un programme meurtrier. Les banques privées allemandes, françaises et grecques ont été sauvées et la Grèce compte déjà 25.000 morts... de crise.
Il se peut que le menu de la crise change subséquemment de... gargote. Depuis 2012, les états (essentiellement l’Allemagne et la France) ont suffisamment euro-nationalisé la dite “dette grecque” espérant ainsi que le pays resterait ainsi soumis à une politique instruite par les gangsters internationaux (bancocratie), auxquels comme on sait, les pseudo-politiques des pays centraux et décidément décentrés de l’UE, rendent des comptes en lieu et place de leurs électeurs.
Actuellement, ils s’efforcent à raconter aux contribuables en France et en Allemagne qu’eux-seuls paieront finalement les pots cassés grecs, s’agissant concrètement des escroqueries bancocrates. Demain, ils expliqueront à leurs peuples qu’il va falloir en plus sauver ces mêmes banques (ou bien d’autres) et par effet de purgatoire, les salaires, les retraites, les écoles, les hôpitaux, puis la souveraineté et la démocratie bien de chez eux passera à la moulinette.
Occupation symbolique des locaux de la représentation de la Commission européenne par un mouvement de gauche. Athènes, le 17 juin |
D’où cet empressement de la part des institutions de l’UE, s’agissant de mettre en place une sorte de “Task Force”, une forme de directoire économique lequel directement inspiré des modèles grec et portugais, lequel dictera aux pays de la zone euro la seule politique désormais possible, celle imposée par les gangsters de la mondialisation. Trop tard.
L’artefact européiste est condamné, et depuis un mois en Grèce, tous les sondages (même si trop souvent ils peuvent masquer la vérité), font état des cristallisations rapides au sein de l’opinion: sortir de la zone euro n’est plus considéré comme une catastrophe irréversible. Au sein de SYRIZA et au niveau de son Comité central, 95 votants se sont prononcés récemment en faveur d’un accord (mais pas forcement à tout prix) avec la troïka, tandis que 75 autres votants ont indiqué clairement qu’il va falloir allez vers la rupture.
“Il faut tenter notre sortie, plutôt que mourir lentement sous le néonazisme bleu de l'UE, une politique comme on sait menée par les élites de l'Allemagne, alors suivie par une France complexée et à terme menacée aussi d'asphyxie”. Tel est le mot d’ordre du côté de la mouvance (plateforme) de gauche au sein de SYRIZA. Et chaque jour qui passe, le rapport de force entre eux, et ceux qui choyèrent jadis boire impunément le... petit lait européiste, change, au détriment des derniers. En attendant, les bureaux de la Commission européenne à Athènes ont été occupés durant un moment, certes symboliquement, par les membres d’un mouvement de gauche.
Vision du moment. “Quotidien des Rédacteurs” du 16 juin |
Dessin du “Financial Times” reproduit par la presse grecque du 17 juin |
Au-delà du symbolique, l’aile gauche de SYRIZA vient de préparer un document très concret, une feuille de route, conduisant pas par pas, mesure après mesure, de l’abandon de l’euro à l’adoption de la nouvelle drachme. Ce texte, rédigé essentiellement par l’économiste et député SRIAZA Costas Lapavítsas, s’inspire ouvertement du précédent islandais, avec entre-autres à la clef, la nationalisation du secteur des banques et cela jusqu’à nouvel ordre.
Ce texte, sera d’abord présenté au prochain comité central SYRIZA et ensuite, il sera plus amplement discuté et pour tout dire popularisé. En attendant, les bonnes sources du gouvernement grec ne mâchent pas leurs mots: le FMI est partie prenante du crime perpétré contre la Grèce depuis 2010.
En attendant les suites... logiques, Alexis Tsípras s’envole jeudi 18 juin pour Saint Petersburg où il rencontrera Vladimir Poutine. “Nous allons discuter des oléoducs, puis, Alexis Tsípras nous informera des aventures avec l'UE” déclare alors le Kremlin. La géopolitique du dossier grec, en parfait miroir inversé (?) du dossier ukrainien d’ailleurs, est beaucoup plus lourde que les préoccupations pseudo-financières, c’est si flagrant.
Rupture, et non pas soumission. Affiche, Athènes, juin 2015 |
Titre à la Une ; La spirale de la mort. Athènes, le 17 juin |
Titre à la Une; La corde va-t-elle tenir ? Athènes, le 17 juin |
La Grèce si élégante, d’après une certaine presse pour voyageurs, se souhaiterait déjà bonne chance. Les cafés sont pleins, à l’instar du Néon historique, rénové après plus de vingt ans de fermeture place Omónia.
Le pays va mal, sauf qu’il profite du soleil et de la chaleur. En Grèce, peu de gens préfèrent l’hiver, surtout depuis que la crise imposée a privé de chauffage plus de 40% des habitants. Le pays réel et concret, retire aussi en ce moment ses derniers sous déposés auprès des banques. Ces derniers jours, plus de 500 millions d’euros par jour quittent alors les dépôts, soit pour l’étranger mais essentiellement, pour finir sous les matelas comme on dit.
Le contrôle des capitaux c’est peut-être pour demain, sauf que nos Tsipriotes aux commandes, ont à mon avis délibérément laissé filer l’argent des derniers épargnants, ainsi, il ne restera pas grand-chose à saisir, lorsque les illuminés du genre BCEistes, s’imagineront qu’un scenario à la chypriote puisse être appliqué en Grèce. Encore une fois trop tard.
Grèce élégante. Athènes, juin 2015 |
Café historique Neon. Athènes, juin 2015 |
Place Omónia, Athènes, juin 2015 |
Guichet pour l'heure automatique. Athènes, le 17 juin |
Le pays se souhaite bonne chance, sauf que certains œuvrent concrètement pour cela. La commission d’audit a présenté ses premières conclusions ce mercredi 17 juin devant les parlementaires, il recommande tout simplement la suspension du remboursement de la dette grecque.
“Les conclusions préliminaires de la commission d’audit, présentées au gouvernement grec mercredi matin, attestent en outre que les créanciers savaient que les mesures d’austérité imposées aux pays provoqueraient des dégâts sociaux sans résoudre la situation économique. Les experts recommandent à ce titre au gouvernement grec de suspendre le remboursement de sa dette, arguant que les droits fondamentaux priment sur ceux des créanciers.”
“Rédigé à la demande du Parlement grec par une trentaine d’experts internationaux, le rapport d’une centaine de pages revient en dix chapitres sur l’origine de la dette publique grecque, chiffrée à 270 milliards d’euros, son évolution entre 2010 et 2015, les impacts des ‘plans de sauvetage’ sur les droits humains, ainsi que sur les aspects juridiques qui violent ces derniers. La commission d’audit conclut que la dette publique grecque est à ce jour insoutenable, car elle ne peut pas être honorée par l’État grec sans que celui-ci ne remette en cause ses engagements internationaux relatifs aux droits humains fondamentaux, comme le droit à l’éducation ou encore aux soins de santé.”
Bonne chance. Banc public, Athènes, le 17 juin |
Établissement fermé. Athènes, juin 2015 |
“Le rapport préliminaire établit par ailleurs que les créanciers de la Grèce étaient au courant que les conditions associées à leurs prêts entraineraient des changements dramatiques dans la société, menant à une crise humanitaire. ‘Des documents internes du Fonds Monétaire International (FMI) constataient dès 2010, avant même que soit mis en place les plans d’austérité, que les programmes d’ajustement et les prêts allaient aggraver la situation du pays, que le ratio dette/PIB allait augmenter et que le programme aurait un cout social énorme’, a affirmé mercredi le Belge Renaud Vivien, membre de cette commission d’audit en tant que co-secrétaire général du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM)”.
“Le rapport en conclut que la Grèce ne devrait pas payer sa dette car celle-ci est illégitime, illégale et présente un caractère odieux. De plus, divers arguments juridiques autorisent le pays à suspendre le remboursement de ses prêts. Il ne s’agit pas d’un jugement moral mais il est clair que juridiquement il y a une supériorité des droits fondamentaux sur les droits de créanciers, résume M. Vivien. Nous espérons que cela va être utilisé pour prendre des actes unilatéraux de suspension de la dette et un acte de répudiation de la dette”. Voir également sur Okeanews.
Gâteaux gréco-orientaux. Athènes, juin 2015 |
Café. Athènes, juin 2015 |
Les images supposées vivantes d’un certain passé transigent parfois les imaginaires actuels. La Grèce se penche sur elle-même et sur l’inconnu. Tout devient alors plus clair, voire transparent. La presse révèle par exemple qu’un certain nombre de journalistes très mainstream et très pro-mémorandum, auraient suivi de séminaires bien rémunérés au sein du FMI, histoire de prêcher ensuite la bonne propagande. L’affaire a même été discutée au Parlement et certains élus de la majorité ont même exprimé leur volonté de tout faire pour que la liste des... séminaristes puisse être établie et enfin qu’elle soit rendue publique.
“C'est maintenant ou jamais qu'il va falloir dire non et casser la baraque”, assure Aris, cadre Syriziste. Son père, (très) ancien résistant, est moins optimiste: “C'est déjà plié, ils jouent tous la dernière comédie avant l'accord, tu verras”, alors réplique-t-il.
Manólis Glézos, le grand résistant, vient de démissionner de son mandat de député européen (SYRIZA). “Je l'avais annoncé il y a un an”, explique-t-il. C’est ainsi...
Grèce du passé. Mur d'un café, Athènes, juin 2015 |
Les Troyennes. Affiche, Athènes, juin 2015 |
Athènes, juin 2015 |
Début juillet, notre Théâtre national, représentera à Épidaure “Les Troyennes”, cette grande tragédie d’Euripide, représentée pour la première fois durant les Grandes Dionysies du printemps de 415 av. J.C.
L’œuvre clôt une trilogie évoquant le sort des dernières survivantes d’Ilion après la prise de la ville par les Grecs. En tant que scène publique, ce drame peut aisément être lié aux évènements qui agitaient Athènes en ces années, à savoir la volonté de conquêtes lointaines (la Sicile notamment) de la part d’hommes politiques comme Alcibiade. Un autre fait militaire peut également être mis en corrélation avec cette pièce: la prise de Mélos en 416, dont les conséquences funestes ne peuvent que rappeler le thème des Troyennes. Le glissement du tragique théâtral à la sordide réalité de la guerre ne fait aucun doute, notent certains analystes.
Temps décidément modernes !
Animaux adespotes (sns maître). Athènes, juin 2015 |
* Photo de couverture: Athènes, le 17 juin