Greek Crisis

dimanche 12 janvier 2014

Pharisiens et Publicains



La toute dernière météo athénienne est placée sous le signe d'une douceur relative, particulièrement en milieu de journée. Les vents sont tombés, ainsi la pollution liée... aux nouvelles technologies du chauffage en bois rend notre gueule d’atmosphère encore plus irrespirable, dépassant et de loin, les types d'alerte de mauvais temps, les pré-alertes et autres alertes absolues, inventées par nos ministères respectifs des Finances, de la Santé... et de la “solution finalisée”, si chère à José Manuel Barroso. Écrans de fumée !

Après la cérémonie de la Théophanie. Le Pirée, janvier 2014

La souillure, c’est dans l’air du temps. “Le cas de la Grèce” a-t-il déclaré (José Manuel Barroso) lors de son bref passage par les... territoires, “prouve que les sacrifices ouvrent alors la voie du futur”. En participant (joint par téléphone) à une intéressante émission radiophonique sur la radio RFI, je me suis alors efforcé d’expliquer que la Grèce n’est pas ce pays “convalescent” arrivée par une rotation si malheureuse à la tête de la dite “Europe”, et quand “Athènes espère à l'occasion de cette présidence redevenir un pays comme un autre”.

Déjà, le temps avait manqué comme souvent dans les médias où tout est minuté. L’échange fut cependant courtois... comme entre deux systèmes intergalactiques et pourtant issus du même (?) pays, c’est pour dire combien mes deux interlocuteurs partageraient l’esprit, voire la lettre du mémorandum.

Sur un trottoir d'Athènes. Janvier 2014

Car sur terre ferme au pays devenu territoire administré depuis l’étranger offshore, tout laisse croire que le pire est devant nous, hormis fort heureusement l’apparition sur nos bords de mer de la toute dernière génération des nos oiseaux marins. Comme dans le port du Pirée, aux marins qui chôment et qui rôdent autour des agences maritimes tandis que les... matériels événementiels et scéniques montés sur ce même port à l’occasion de la fête de la Théophanie n’étaient pas encore démontés durant plusieurs jours.

Notre église orthodoxe avait ainsi fêté cette manifestation... de Dieu pour les croyants, commémorant le baptême du Christ dans le Jourdain, et en Grèce, comme dans certains autres pays de tradition byzantine, une croix est lancée par l'évêque ou le prêtre dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, pour plonger et la rapporter.

Athènes, janvier 2014

Ici ou là à l’occasion, les politiciens présents ont été hués, moins certes que dans les années précédentes. D’abord, parce que le personnel politique de... première visibilité évite à se montrer et ensuite, étant donné que les habitants des territoires quant à eux, s’attendraient désormais parait-il à un châtiment beaucoup moins symbolique vis-à-vis des politiciens, que celui exprimé par les cris. Ils sont notamment extrêmement fatigués de tout, et surtout de ce néant qui gouverne.

Place de la Constitution, janvier 2014

Place de la Constitution, janvier 2014

Certains scandales du jour, de la semaine et de la grande nuit politique grecque comme celui de la Banque Postale (TT), occupent les medias et nourrissent certaines discussions entre nous. Guère davantage. Le sens commun s’il en est, nous rend dubitatifs. Ce n’est pas la “gouvernance” actuelle des népotistes de naguère et de toujours qui apportera la justice et encore moins la liberté, on le sait. D’autant plus, que ces scandales et leurs morceaux choisis, “éclatent” de manière sélective au moment où l’administration du pays est dans les mains des dits “créanciers internationaux”, autrement-dit des escrocs.

Yorgos, mon cousin qui se dit fièrement armé de toute une expérience professionnelle en milieu hospitalier et plus précisément en psychiatrie, prétend que ces gens, “Antonis Samaras, Yorgos Papandréou et bien d'autres sont des cas cliniques en psychiatrie, cela ne s'expliquerait pas autrement. Un tel acharnement, le leur, dans la destruction du pays est de ce fait sans précédant”. N’étant point expert en sémiologie psychiatrique je ne sais que dire, tant je suis décontenancé !

L'Acropole, janvier 2014

Près de l'Acropole. Athènes, janvier 2014

Sous l’Acropole, on vend des livres et des appartements comme partout ailleurs. Les... investisseurs nouveaux sont arrivés et ils achètent dans le centre historique et surtout en bord de mer dans les quartiers sud. Le mémorandum ainsi que son grand serviteur Samaras offrent désormais une carte de séjour à chaque investisseur étranger qui achètera de l’immobilier pour plus de 300.000 euros, à lui, ainsi qu’aux membres de sa famille. Ce dernier, ne sera évidemment pas concerné par la fiscalité alourdie et injustifiée par temps d’effondrement des revenus qui frappe alors les indigènes, ni de la main de fer policière bien célèbre que connaissent “les immigrés d'en bas” dans notre ex-pays.

Nos clients sont essentiellement Chinois ou Russes. Ils sont très durs en négociation, cela nous surprend mais c’est ainsi que certains affaires redémarrent dans ces parties de l’agglomération tandis qu’ailleurs c’est le néant, pas une seule vente depuis des mois”, me disait Evangelos, agent immobilier rencontré vendredi dernier dans un café.

Appartement à vendre. Athènes, janvier 2014

Café à Athènes dans le quartier de l’Acropole. Janvier 2014

Quoi qu’il arrive, nos poètes ainsi que nos autres dramaturges anciens comme modernes devraient nous inspirer par les temps qui courent. “Les hommes se rencontrent et se séparent comme les feuilles que chasse le vent ; en vain, le regard s'efforce de retenir le visage, le corps, les gestes de l'être aimé. Elle devrait être de bronze, elle devrait être d'acier, l'âme humaine, criai-je en moi-même, et non de vent !”, nous disait Nikos Kazantzakis à travers son Alexis Zorba.

José Manuel Barroso et ses autres pharisiens et publicains de la Commission européenne ont quitté Athènes, notre ville transformé en zone dite sécurisée et aux manifestations réprimées. Comme le note à ce propos le chroniqueur Yorgos Delastik: “C'est à travers la dernière enquête d'opinion réalisée simultanément aux pays de l'UE que la vérité éclate: Dans toute l'UE mais surtout en Grèce, l’effondrement de la confiance des citoyens vis-à-vis de l'UE ainsi que l'approbation dont bénéficie l’administration de l'Europe a pris des dimensions nouvelles, à la baisse et d’ailleurs sans aucun précédent. Surtout dans notre pays, rappelons qu’en 2009, le pourcentage extrêmement élevé de 60% des répondants ayant exprimé la confiance dans le leadership européen s’est effondré, ainsi en 2013, ce chiffre tombe à... 19 % ! Rien donc n’est resté debout ! Même les électeurs de la Nouvelle démocratie et du PASOK ne font plus confiance aux dirigeants de l'UE, tout simplement parce que les Grecs peuvent certes s’avérer crédules mais certainement pas politiquement stupides et cela, sera certainement démontré aux élections du 25 mai prochain”, quotidien “Ethnos” du 10 janvier.

Mémoire des dramaturges anciens. Athènes, janvier 2014

En attendant la nouvelle saison touristique. Athènes, janvier 2014

Le jeune Christos qui n’est pas encore chômeur insiste sur ce fait à sa façon: “Pour ces gens nous sommes des sous-êtres finissants, sauf que nous resterons ici, rien que pour les combattre. Il faut retrouver un minimum d'unité pour ainsi les mettre à la porte, ceux de l'UE et nos politiciens avec. Chez nous, les jeunes, il y a comme une prise de conscience alors lente et fort douloureuse. Ma tante Anna s’est rendue en Allemagne récemment pour rendre visite à ma cousine, sa fille qu’y travaille depuis deux ans déjà. Tante Anna a été fouillée de manière humiliante à l’aéroport parce qu’elle est d’ici, telle est la mentalité et le racisme des Allemands qui se croient être les maîtres de la nouvelle Europe. J’apprends aussi qu’à Bruxelles ou ailleurs dans les pays du nord, certains patrons font payer par avance les clients Grecs dans les cafés et les bistrots car ils ne leur semblent pas assez solvables. Dans un sens, j’ai eu la chance de ne pas connaître le chômage dès les premiers mois de la crise. Ainsi je ne peux plus quitter la Grèce aussi facilement que les autres jeunes, Grecs, Espagnols, Portugais et Espagnols qui l’ont fait par centaines de milliers depuis 2010. La pseudo-solution de l’émigration montre alors ses limites, le racisme anti-sud en plus. Eh bien, nous répondrons à notre manière...” !

Le port du Pirée, janvier 2014

Loin du Pirée, en pleine mer entre la Crète et la Lybie, les “autorités compétentes neutraliseront les armes chimiques de la Syrie avant immersion”. Les scientifiques de notre pays et de l’École Polytechnique de Crète tirent la sonnette d’alarme quant aux conséquences de cette “bombe toxique”. Les rares reportages disponibles indiquent que finalement, seul le “gouvernement grec” aurait accepté l’arrangement que nos voisins Albanais auraient refusé. Info ou alors intox ?

Plus près de chez nous, on vient d’apprendre que les Grecs devront déclarer tous leurs puits d’eau (potable ou pas) au plus tard en mai de cette nouvelle année 2014, “pour une meilleure maîtrise des ressources et pour la mise en place d’un registre national”. Car à défaut d’une telle déclaration et dans l’avenir, tout acte notarié concernant le terrain correspondant sera invalidé de fait. C’est ainsi que le control sur la vie des êtres et des âtres deviendra alors total, avec en... cadeau, l’interdiction de semer librement et de produire ses grains hors circuit commercial.

Les oisillons marins du Pirée sont déjà arrivés à un stade de maturation avancée cette semaine, pendant que nos amis un peu lointains et néanmoins aimés, Sakis et Petros ont été “débranchés” depuis les soins intensifs et à travers la “solution finalisée”, si chère à José Manuel Barroso car directement impliquée dans leurs décès. Au Pirée... les vents sont tombés.

Oiseau marin. Le Pirée, janvier 2014




* Photo de couverture: Port du Pirée, janvier 2014